Qu’elle soit en bitcoin ou une autre monnaie virtuelle au Canada, la cryptomonnaie est considérée comme étant un actif ou un bien et non une monnaie.
La cryptomonnaie est de plus en plus utilisée pour faire l’achat de biens et de services, de même que pour effectuer de la spéculation ou des investissements à plus long terme.
Malgré le fait que plusieurs rumeurs persistent quant au fait que les opérations effectuées avec de la cryptomonnaie ne sont pas imposables, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a été très claire à ce sujet et tout porte à croire qu’elle en fera son cheval de bataille dans les années à venir.
L’imposition de la cryptomonnaie selon l’ARC
C’est le 23 décembre 2013 que l’ARC s’est officiellement prononcée pour la première fois à propos du bitcoin. L’ARC indique qu’elle ne considère pas la monnaie virtuelle comme une monnaie émise par un gouvernement d’un pays, comme le dollar américain par exemple. Selon elle, la cryptomonnaie devrait plutôt être traitée comme un bien en ce qui concerne la Loi de l’impôt sur le revenu (LIR).
Dans le cas où un contribuable échange des biens ou des services contre des marchandises (cryptomonnaie), c’est la valeur de ces biens ou de ces services qui doit être incluse comme revenu. Pour le contribuable qui dispose de sa cryptomonnaie en échange du bien ou du service, celui-ci pourrait aussi devoir s’imposer sur la plus-value réalisée sur sa cryptomonnaie selon la nature de la transaction.
Par exemple, si un contribuable a acheté un bitcoin 1 $ et qu’il l’échange ultérieurement pour payer les services de son comptable d’une valeur de 100 $, celui-ci devra s’imposer sur un gain d’un montant de 99 $.
De même, une personne qui transige de la cryptomonnaie en spéculant sur sa valeur devra s’imposer selon la nature de la transaction (c’est-à-dire soit à titre de revenu d’entreprise ou de gain en capital).
Il est important de déterminer la nature des transactions puisque cela aura un impact direct sur l’impôt sur le revenu. Le gain sur une transaction de type « revenu d’entreprise » est imposable à 100 %, alors qu’un gain sur une transaction de type « capital » est plutôt imposable à 50 %. Le contraire est aussi vrai lorsqu’un contribuable réalise une perte. En effet, une perte sur une transaction de type « revenu d’entreprise » peut être déduite à 100 % à l’encontre de n’importe quelle catégorie de revenus (par exemple, un revenu d’emploi). Pour sa part, une perte de type « capital » est uniquement déductible à 50 % à l’encontre d’un gain en capital.
La cryptomonnaie est un actif
À l’instar des États-Unis, de l’Australie et des Pays-Bas, l’ARC a décidé de considérer la cryptomonnaie comme étant un actif ou un bien et non une monnaie. D’autres pays comme l’Allemagne ou Singapour ont plutôt opté pour considérer la cryptomonnaie comme étant n’importe quel type de monnaie.
Il est possible que l’ARC fasse preuve de souplesse dans le futur afin de s’adapter aux réalités économiques des nouveaux marchés. Toutefois, rien ne porte à croire que ce changement se fera dans un avenir rapproché.
Pourquoi devrais-je m’imposer? L’ARC ne peut pas me retrouver. Le régime fiscal canadien est fondé sur le principe de l’autocotisation. En tant que résident fiscal du Canada, vous êtes tenu par la loi de déterminer le montant d’impôt que vous devez payer et vous avez l’obligation de produire une déclaration de revenus.
En tant que spécialistes en fiscalité de la cryptomonnaie, nous rencontrons régulièrement des particuliers et des entreprises et nombreux sont ceux qui doutent que l’ARC s’intéresse à eux. Ils préfèrent ne pas s’imposer sur leurs revenus. Toutefois, nous sommes plutôt d’avis contraire, car tous les faits montrent sans aucun doute que l’ARC s’intéresse de près à cette nouvelle technologie.
À ce titre, nous vous recommandons fortement de déclarer vos cryptomonnaies, au risque de vous retrouver dans le collimateur de l’ARC, d’autant plus que cette dernière peut remonter en arrière aussi loin que possible lorsque des revenus n’ont pas été déclarés volontairement.
Nos experts au sein de Raymond Chabot Grant Thornton et Catallaxy sont à votre service pour répondre à vos questions et vous aider à faire les bons choix.
Cet article a été rédigé en collaboration avec Marc-Antoine Laurin.