Philippe Marceau
Directeur principal | CRHA | Conseils en ressources humaines

Mis à jour le 20 novembre 2023

Comment demeurer compétitif sur le plan salarial sans tomber dans la surenchère? Voici quelques éléments à considérer pour établir votre stratégie.

Malgré la perception de certains employeurs, la rémunération demeure un motif de départ majeur chez les employés. Comment s’en servir comme outil de rétention autant que d’attraction?

Mettre en place une structure salariale équitable à l’interne

Certaines entreprises, principalement en PME, ont peu ou pas de structure salariale adaptée. Il est important de déterminer la valeur des emplois au sein de votre entreprise, et non uniquement la valeur du CV ou du profil d’un individu. Cette évaluation, basée sur des critères objectifs, permettra de regrouper des emplois avec un niveau de responsabilités similaire, pour ensuite bâtir une échelle salariale appropriée.

Une structure n’a pas besoin d’être complexe. Il peut s’agir, tout simplement, d’une échelle salariale compétitive, adaptée à chaque poste. Ainsi, les employés savent qu’ils peuvent progresser sur le plan salarial à court et à moyen terme. Le fait de se projeter dans l’avenir au sein de l’entreprise renforce leur sentiment de loyauté.

Bien sûr, vous devez tenir compte du marché. Plusieurs études et données publiques sont accessibles pour estimer le salaire compétitif à offrir pour chaque type de poste. Ici, on parle autant des postes opérationnels (journaliers, commis), que tactiques (superviseur, professionnel) ou stratégiques (gestionnaire, direction). Le salaire doit refléter le niveau de compétences demandé.

En ce qui concerne les entreprises qui offrent le partage des bénéfices, tous les employés répondant aux attentes de rendement devraient y avoir accès de façon équitable.

Bonifier la rémunération directe

En plus de leur salaire, les employés souhaitent avoir accès à des avantages sociaux adaptés à leur réalité. C’est dans cette rémunération globale que l’employeur peut faire preuve de créativité sans tomber dans une surenchère des salaires.

L’entreprise peut décider d’offrir, par exemple :

  • des « tracances », une combinaison de travail-vacances qui permet aux employés de travailler de partout dans le monde quelques mois par année;
  • l’accès à un chalet, pour que ses employés puissent travailler dans un cadre différent;
  • un horaire modulé selon les besoins de l’employé (en tenant compte des particularités de l’emploi et de l’équité);
  • le concept des vacances illimitées;
  • le télétravail (devenu standard pour une majorité d’entreprises);
  • l’accès à une salle d’entraînement, à des cours de yoga ou à une carte corporative pour fréquenter un spa;
  • des consultations en télémédecine et un remboursement de frais de santé et bien-être;
  • une garderie en milieu de travail;
  • des événements sociaux planifiés;
  • une carte de transport collectif et le stationnement gratuit;
  • un service de nettoyage de vêtements, qui permet de sauver du temps;
  • le remboursement d’une formation.

Sans oublier évidemment les assurances médicales et dentaires, un régime de retraite (REER collectif, régime à cotisations déterminées ou régime à prestations déterminées, RVER pour PME) et un programme d’aide aux employés (PAE).

Être compétitif sur le marché

Il est essentiel de faire réaliser aux employés, par le biais d’un relevé de rémunération globale, que ces avantages se greffent à leur salaire et en augmentent la valeur. Par exemple, un employé gagnant 60 000 $ par année pourrait se rendre compte, en calculant ses avantages sociaux, qu’en réalité il en gagne 72 000 $.

L’inflation ne doit pas être le seul critère pour évaluer l’augmentation salariale. C’est une question d’équilibre. Si votre entreprise offre des salaires trop élevés, cela peut la mettre dans une situation difficile lorsque viendra le moment de faire l’achat d’équipement ou de traverser une période creuse. Une augmentation trop grande risque d’avoir l’effet contraire de celui voulu et d’entraîner des mises à pied plutôt que de la rétention d’employés.

Même si l’Indice des prix à la consommation (IPC) a varié de 5,1 % à 8,1 % au Québec en 2022, l’Ordre des CRHA a relevé que les augmentations salariales oscillent entre 3,7 % et 4,5 %. Afin de contrôler ces hausses, plus élevées que par le passé, des entreprises offrent deux révisions salariales par année afin de réagir en temps réel à l’inflation. Pour les employés, cette pratique est appréciée.

Les employeurs doivent être au courant des salaires et des avantages sociaux offerts dans leur secteur d’activités pour faire des propositions attractives et créatives. Mais les possibilités d’avancement, les valeurs de l’entreprise, la reconnaissance envers les employés font aussi partie de la rémunération globale et sont des incitatifs qu’il ne faut pas sous-estimer.

08 Nov 2022  |  Écrit par :

Philippe Marceau est expert en conseils en ressources humaines au sein de Raymond Chabot Grant...

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Pour accélérer la transition vers une économie durable et réduire les gaz à effet de serre (GES), il est indispensable de s’attaquer au transport. C’est ce que fait Lion Électrique, un camion à la fois.

Notre firme est heureuse d’avoir soutenu cette entreprise à différentes étapes de son évolution. Afin d’en apprendre plus sur elle et sur un courant de la nouvelle économie qu’elle représente, nous nous sommes entretenus avec Patrick Gervais, vice-président marketing et communications chez Lion Électrique.

À lui seul, le secteur des camions lourds et mi-lourds et des autobus produit 43 % des émissions de GES liées au transport. « Le camion est le véhicule le plus polluant sur lequel on peut avoir un impact immédiat. Un seul camion produit entre 75 et 100 tonnes de GES par année », nous indique Patrick Gervais.

Une entreprise 100 % électrique

Fondée en 2008, l’entreprise a effectué un virage vers le vert au fil du temps, en laissant de côté la production de véhicules à essence pour se concentrer sur des autobus et des camions lourds de classe 5 à 8 entièrement propulsés à l’électricité.

Le développement des autobus scolaires 100 % électriques a commencé en 2011 et les premiers véhicules ont été mis sur la route en 2016. Depuis 2019, l’entreprise ne produit plus aucun véhicule au diésel.

Il s’agissait d’une bonne décision puisque son carnet de commandes dépasse aujourd’hui les 2 300 véhicules. En 2021 – année de son entrée en bourse –, Lion Électrique a livré 196 véhicules. En juin dernier, soit dans les six premiers mois de l’année 2022, elle en avait déjà livré 189.

Raymond Chabot Grant Thornton - image
Raymond Chabot Grant Thornton - image

Des défis relevés haut la main

Pour arriver à remplir ses engagements, Lion Électrique a augmenté sa vitesse de production de 72 % en un an à son usine de Saint-Jérôme, et a fait l’acquisition d’une usine de 900 000 pieds carrés en Illinois, aux États-Unis. L’entreprise est passée de 115 employés en 2018 à plus de 1 300 aujourd’hui, dont 350 ingénieurs en recherche et développement.

Lion Électrique conçoit, fabrique et assemble plusieurs des composants clés de ses véhicules : châssis, ensembles de batteries, cabines de camions et carrosseries d’autobus.

D’ici la fin de l’année, l’entreprise mettra également en service à Mirabel une usine servant à assembler des blocs-batterie, ce qui sécurisera son approvisionnement.

« Avec plus de 700 véhicules sur la route et plus de 16 millions de kilomètres parcourus en Amérique du Nord, Lion Électrique fait déjà une différence dans la société et pour l’environnement », expose Patrick Gervais.

Bien qu’ils soient encore, pour l’instant, plus chers que les véhicules à essence, les véhicules électriques lourds permettent déjà aux acheteurs de réaliser des économies importantes : 80 % en matière de coûts d’énergie et 60 % en coûts de maintenance.

Quels sont les enjeux liés à l’électrification des poids lourds?

Les incitatifs nécessaires

Bien qu’ils fassent l’objet de discussions, les incitatifs font partie des solutions découlant des politiques publiques pour soutenir la transition énergétique.

« Les incitatifs financiers et les règlements sont essentiels pour accélérer l’électrification du transport, mais on sent que les gens sont de plus en plus conscients que c’est une solution qui vaut la peine », affirme Patrick Gervais.

La réglementation pour encadrer le marché

Pour contrer la compétition entre pays industrialisés, le secteur de l’électrification doit viser une intégration complète de la chaîne d’approvisionnement et demander au gouvernement de réglementer les appels d’offres pour que l’assemblage se fasse au Canada avec du contenu canadien.

Le manque de bornes de recharge

Les camions électriques ne répondent pas encore aux besoins de transport longue distance, mais l’autonomie peut aller de 250 km pour les autobus à 400 km pour les camions.

L’installation de bornes de recharge à travers tout le territoire réduit les craintes liées à l’autonomie. Les technologies progressent rapidement et, dans quelques années, le transport sur de longues distances deviendra réalité.

Le temps de recharge

Lion Électrique a mis en place la division Lion Énergie pour aider les acheteurs à déterminer leurs besoins spécifiques de recharge et à gérer l’installation des infrastructures de recharge afin que la transition s’effectue dans les meilleures conditions.

La gestion du changement

Les employés doivent être ouverts à l’innovation parce que ça bouge vite dans le monde de l’électrification.

Ce secteur est en croissance et Lion électrique est bien positionnée dans ce marché en évolution pour participer au défi qui nous attend de réduire l’impact environnemental des entreprises et des citoyens.

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Bien que la réélection du gouvernement caquiste donne lieu à une certaine continuité dans la manière d’aborder les défis du Québec, plusieurs enjeux demeurent et devront être traités avec ouverture et diligence.

Nonobstant les propositions électorales de la Coalition Avenir Québec et des autres partis politiques au cours de la campagne, quelques experts de Raymond Chabot Grant Thornton partagent ici brièvement leurs vues sur des enjeux qui devront être pris en considération au bénéfice des Québécoises et des Québécois, et du développement du Québec.

Notons que ces quelques éléments ne constituent aucunement une liste exhaustive de dossiers. Ils représentent seulement certains enjeux auxquels des experts de la firme accordent une importance.

Économie et finances publiques

Fiscalité internationale | RCGT

Alors que le premier mandat caquiste aura été fortement marqué par la pandémie, le nouveau gouvernement entrera en fonction dans un temps de grande incertitude économique.

L’inflation galopante des derniers mois, le resserrement des politiques monétaires des banques centrales partout dans le monde, les problèmes persistants touchant les chaînes d’approvisionnement ainsi que l’instabilité géopolitique mondiale engendreront un ralentissement économique à l’échelle planétaire. Le Québec ne pourra pas échapper, au cours des prochains mois, aux impacts de ces phénomènes.

Dans ce contexte, il apparaît essentiel que le nouveau gouvernement retienne une approche prudente dans la gestion des finances de l’État. Des efforts importants ont été faits par l’ensemble des Québécois au cours de la dernière décennie pour redresser l’état de nos finances publiques. L’objectif de maintenir l’équilibre budgétaire devrait ainsi être conservé malgré les soubresauts économiques.

L’utilisation du Fonds des générations pour financer de nouvelles initiatives nous paraît également risquée dans le contexte économique incertain actuel. Le Fonds a effectivement démontré son efficacité comme outil de gestion de la dette publique québécoise et comme vecteur d’équité intergénérationnelle.

Par ailleurs, la lutte contre l’inflation figurera dans les priorités majeures du nouveau gouvernement caquiste au cours des prochains mois. Bien qu’un ralentissement de l’inflation soit anticipé au cours de la prochaine année, les impacts continueront de se faire sentir au sein des ménages et des entreprises québécoises. À cet égard, des mesures ciblées permettant de soutenir les personnes les plus touchées par l’inflation nous paraissent plus souhaitables que des mesures fiscales générales qui risquent indirectement d’attiser encore plus le phénomène de hausse des prix.

Enfin, dans le contexte actuel de vieillissement de la population et de pénurie de main-d’œuvre, le nouveau gouvernement doit poursuivre la mise en place d’initiatives promouvant la productivité du travail et de mesures incitatives au travail. C’est ainsi que le niveau de vie des Québécois sera maintenu à long terme et que nous pourrons nous payer les services publics dont la société a besoin.

Jean-Philippe Brosseau
Vice-président de pratique
Conseil en management

Éducation

Fiscalité internationale | RCGT

Dans son premier discours suivant sa réélection à titre de premier ministre du Québec, François Legault a mentionné que la priorité du gouvernement pour son prochain mandat sera l’éducation. Pour ce faire, le gouvernement devra travailler sur plusieurs fronts simultanément afin d’établir des conditions propices à l’apprentissage ainsi qu’un environnement adéquat pour un enseignement efficace au profit des élèves actuels et futurs.

Un environnement d’apprentissage sain débute par des infrastructures adéquates. Le gouvernement doit poursuivre son engagement d’investir massivement pour rattraper le retard d’entretien et de maintien de ses infrastructures. Dans l’optique d’optimiser leur utilisation, une accélération des ententes de partage de plateaux sportifs et culturels avec les municipalités devra être favorisée au profit des élèves et des communautés.

Les ressources technologiques, telles l’analyse des données avancées et l’intelligence artificielle, ont démontré que nous pouvons agir stratégiquement et rapidement sur la réduction des écarts suivant la pandémie et sur la persévérance scolaire. Il faudra donc démocratiser leur utilisation et piloter les transformations pédagogiques et organisationnelles requises au sein du système scolaire pour permettre à chaque élève d’être pris en charge le plus tôt possible dans son cheminement.

L’encadrement du personnel enseignant et de soutien éducatif devra également être optimisé. Les élèves ayant des parcours spécifiques sont de plus en plus nombreux. Il importe donc d’avoir suffisamment de spécialistes dans les écoles et les classes, tels que des psychoéducateurs, et de s’inspirer des pratiques gagnantes issues de la recherche en éducation.

Après avoir revu la gouvernance des commissions scolaires pour les transformer en centres de service scolaires lors de son premier mandat, le gouvernement doit maintenant travailler à établir une relève de qualité pour contrer la pénurie de gestionnaires et d’enseignants dans le réseau scolaire.

Enfin, l’accessibilité à une éducation de qualité favorisant la réussite éducative doit être un droit pour tous les Québécois. Les récentes études sur la variation des taux de diplomation doivent devenir un enjeu par lequel nous sommes tous concernés.

Pierre Fortin
Associé
Conseil en management

Santé

Fiscalité internationale | RCGT

À la fin de son premier mandat, le gouvernement caquiste a identifié ses grandes priorités, suscitant des espoirs à bien des égards. Néanmoins, qu’en est-il des défis et, surtout, à quoi doit s’attendre la population au cours des prochaines années?

D’abord, tous les Québécois accusent de grandes difficultés à accéder aux services de santé et aux services sociaux. Le rehaussement de l’accès doit constituer le principal objectif, d’où doivent découler toutes les actions entreprises.

Pour y arriver, il faudra nécessairement faire des gains concrets en ce qui concerne la pénurie de main-d’œuvre qui prévaut, véritable frein à l’amélioration. Cela passera notamment par une approche renouvelée de gestion, des conditions de travail répondant aux besoins de l’ensemble des professionnels et travailleurs, et des modalités de rémunération respectant la capacité financière du Québec, tout en permettant une mobilisation des effectifs.

Des gains d’efficience doivent également se concrétiser : simplifier, réinventer et renforcer les parcours patients, notamment afin d’éviter l’urgence et l’hospitalisation, rehausser la pertinence (utiliser les ressources de façon juste et appropriée) et revoir l’organisation des services administratifs et cliniques en faisant une plus grande place aux nouvelles technologies et aux innovations. À cet égard, il faudra aussi poursuivre le virage vers une culture des données pour faciliter la prise de décision au quotidien et faire atterrir la révision du mode de financement et la numérisation du réseau.

Il faudra aussi réviser les champs de compétence de l’ensemble des acteurs pour favoriser la complémentarité, investir plus en santé publique et en prévention, et inverser le financement comme l’ont fait certains pays en investissant davantage en services de première ligne et de soutien à domicile et moins en hospitalisation et en hébergement.

Et bien que la révision du modèle d’hébergement par le biais des maisons des aînés et le conventionnement des CHSLD privés doit être salué, la courbe du vieillissement démographique amène un constat : ce ne sera pas suffisant et il faut se projeter dès maintenant et se donner des orientations claires. Voilà un projet de société qui imposera des discussions corsées, mais qui doit nous rassembler.

Jonathan Perrier
Directeur principal
Conseil en management

Fiscalité

Fiscalité internationale | RCGT

Notre firme l’a soulevé à maintes reprises : notre fiscalité n’est plus adaptée à la réalité actuelle.

La surtaxation et ses lourdeurs administratives contrecarrent la croissance de plusieurs organisations.

Les entrepreneurs québécois subissent la plus importante pression fiscale au pays.

Outre l’importance de donner plus d’air frais sur le plan fiscal à nos entrepreneurs et à nos PME, des incitatifs fiscaux visant entre autres à mieux répondre à la pénurie de main-d’œuvre doivent voir le jour.

Afin d’encourager les travailleurs expérimentés à demeurer plus longtemps sur le marché du travail ou à y retourner, l’actuel crédit d’impôt pour prolongation de carrière n’a malheureusement d’effet que pour les travailleurs à faible revenu et ne s’applique qu’à des sommes négligeables.

Ce crédit d’impôt ne s’applique pas en ce moment aux 5 000 premiers dollars de revenu de salaire ou d’entreprise généré, et il est de 15 %.

Aussi, à partir de revenus annuels de 35 650 $, il commence à diminuer et disparaît pour ceux qui gagnent plus de 65 650 $ annuellement, ou plus de 68 650 $ si le travailleur est âgé de 65 ans ou plus.

Or, si l’on souhaite créer un véritable incitatif, le crédit d’impôt devrait demeurer à un taux de 15 %, sans réduction, peu importe les revenus imposables touchés par le particulier, en plus de venir abolir la franchise de 5 000 $.

À cela, un bouclier fiscal aurait intérêt à être appliqué, si un particulier reçoit les prestations de la pension de la sécurité de la vieillesse ou du supplément de revenu garanti et qu’il fait le choix de travailler après 60 ans.

Ce faisant, les prestations des programmes sociaux versés au particulier seraient compensées par un crédit d’impôt remboursable advenant une réduction ou une perte de ces programmes sociaux, jusqu’à une augmentation de salaire admissible annuelle de 20 000 $, par exemple.

Sylvain Gilbert
Associé
Fiscalité

Développement économique

Fiscalité internationale | RCGT

Continuer de rattraper l’écart de richesse avec l’Ontario restera la principale priorité du gouvernement caquiste. Ce faisant, l’accroissement de la productivité des entreprises et la création de postes à haute valeur ajoutée resteront parmi les cibles gouvernementales.

Cependant, le gouvernement devra s’attarder à la question de rareté de main-d’œuvre, sous peine de voir des entreprises perdre leur compétitivité par rapport aux concurrents étrangers ou de les voir tout simplement déménager leurs facteurs de production ailleurs.

Pour les entreprises et commerces locaux, cet enjeu entraînera probablement un certain nombre d’entre eux à diminuer leurs heures d’ouverture ou à fermer leurs portes, ce qui sera dommageable pour la vitalité de nombreuses régions.

En parallèle à la question d’attraction de main-d’œuvre et de régionalisation, l’ensemble des considérations permettant l’accueil et l’intégration des travailleurs dans leur milieu de vie devront être priorisés. Ainsi, les questions de disponibilité et d’accessibilité au logement, de disponibilité de places en garderie ou encore de mécanismes d’accueil efficaces pour les nouveaux arrivants devront être à l’ordre du jour des différents ministères, et ce, dès la première année de mandat.

Du côté de la transformation numérique, il est de notoriété publique que nos entreprises accusent un retard de développement important. Pour pallier cet enjeu, une continuité et une prévisibilité des fonds de soutien, de même qu’une simplification des programmes d’accompagnement existants, seront nécessaires tout au long de la chaîne de valeur.

Finalement, le gouvernement – tous ministères confondus – devra reconnaître l’urgence d’entreprendre des actions visant à réduire l’impact des changements climatiques, sous peine de laisser un legs qui marquera durablement les générations futures.

Ainsi, des investissements massifs dans le développement des transports collectifs et actifs ou dans l’amélioration de la résilience des infrastructures, ou encore dans le soutien à la décarbonation de l’économie devront se concrétiser à court terme afin qu’ils entraînent des effets positifs à long terme.

Immigration

Fiscalité internationale | RCGT

D’abord, le gouvernement aurait intérêt à imbriquer l’immigration temporaire à l’immigration permanente, tant au niveau de ses politiques que de ses seuils d’immigration.

Chez AURAY, les travailleurs étrangers temporaires recrutés pour les PME du Québec sont à 90 % des francophones. La raison est simple : les entreprises québécoises veulent en faire des résidents permanents le plus rapidement possible. C’est pourquoi nous croyons que le gouvernement devrait ajuster, en plus des divers programmes menant à la résidence permanente, ses cibles en fonction de la vague de travailleurs étrangers qui sont établis au Québec depuis plus de deux ans et qui entament le processus pour l’obtention de la résidence permanente.

Par ailleurs, les entreprises considèrent comme injustes les délais de traitement au Québec, tant en ce qui a trait à la résidence temporaire qu’à la résidence permanente, comparativement aux délais des autres provinces, beaucoup plus courts. AURAY a soulevé à quelques reprises ces délais au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec en suggérant d’instaurer la même procédure que dans les autres provinces concernant les demandes d’évaluation d’impact sur le marché du travail (EIMT).

Il s’agirait de ne plus exiger que les contrats de travail soient conclus avant la soumission de la demande d’EIMT. Cette exigence québécoise vient ralentir le processus de quelques mois pour nos entreprises qui ont besoin rapidement de main-d’œuvre. Quant à la résidence permanente pour ces travailleurs étrangers, l’écart des délais de traitement des dossiers au Québec par rapport à ceux des autres provinces est de six à dix-huit mois. Cela vient encore affaiblir l’attractivité de nos entreprises pour les travailleurs étrangers.

Enfin, en raison des perspectives économiques qui confirment un certain ralentissement, le gouvernement devrait se pencher rapidement sur la réouverture de son Programme des immigrants entrepreneurs, permettant la création ou l’acquisition d’entreprises au Québec, ainsi que de son Programme des immigrants investisseurs, permettant d’allouer des fonds à Investissement Québec. Ce dernier programme permet de soutenir la croissance de nos entreprises, sans coût de la part des contribuables québécois.

Marc Audet
Président et chef de la direction
Groupe AURAY
Filiale en immigration de Raymond Chabot Grant Thornton

Cybersécurité et gouvernance de données


Dans un contexte où les cybermenaces infligent des dommages considérables à l’économie et à de très nombreuses entreprises, l’arrivée de la Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels (loi 25) visant une meilleure gestion des renseignements personnels de la part des organisations est un excellent pas en avant.

Cependant, les entreprises sont démunies face à la complexité de la tâche à accomplir, ainsi qu’aux coûts inhérents à la fois pour implanter une solution complète de cybersécurité et pour se conformer aux dispositions de la loi 25, dont celle de mettre en place un programme de gouvernance des données complet d’ici septembre 2023. D’ailleurs, les conséquences qui découlent d’une non-conformité associée à cette nouvelle loi ne sont pas négligeables et présentent un défi de taille pour les dirigeants.

Afin de permettre aux entreprises de prendre le virage de la protection des données avec succès et compte tenu des initiatives en cybersécurité et en gouvernance des données nécessaires, un appui du gouvernement serait approprié. Ce soutien financier pour les dirigeants, plus particulièrement les dirigeants de PME, pourrait être sous forme de crédit d’impôt ou d’aide directe (subvention) afin de leur permettre de faire appel à des experts externes certifiés par l’État pour les accompagner dans ces importantes transformations.

Rappelons d’ailleurs que cette loi s’applique à l’ensemble des organisations. Les plus grandes entreprises disposent de ressources pour faciliter la mise en conformité de leur gouvernance de l’information et pour améliorer leur posture en cybersécurité, alors que les petites entreprises doivent avoir recours davantage à des ressources externes spécialisées et souvent coûteuses.

À noter qu’il n’existe actuellement aucun programme gouvernemental pour financer l’implantation d’outils de cybersécurité et de gouvernance de données, deux enjeux intimement liés. Il existe toutefois certains programmes limités aux organisations qui souhaitent se conformer à des certifications rigoureuses dans le cadre de la commercialisation de produits applicatifs, comme c’est le cas avec ISO 27001 ou SOC 2.

Il ne fait aucun doute que de chercher l’amélioration globale de la protection des données et de la posture en cybersécurité des entreprises d’ici les rendra plus résilientes et performantes, ce qui, en retour, contribuera à solidifier encore plus l’économie du Québec.

Guillaume Caron
Président
VARS – Cybersécurité
Division de Raymond Chabot Grant Thornton

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Vincent Cartier
Associé | CPA | Conseil en management

Mis à jour le 13 octobre 2023

Tout converge pour inciter les PME à inclure l’environnement et les bonnes pratiques de gouvernance dans leur stratégie de gestion de risques. Il en va de leur pérennité.

On constate dans la dernière année une augmentation marquée du nombre d’entreprises qui présentent une reddition de comptes concernant leur démarche de développement durable et vers la carboneutralité.

Pour être au diapason du marché, votre organisation a tout intérêt à inclure les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans l’évaluation de ses risques, car elle doit faire face aux réglementations gouvernementales et aux exigences de plus en plus nombreuses des clients et partenaires.

Les mesures mises en place et les actions réalisées par votre entreprise dès maintenant auront un effet positif sur la continuité de vos activités, ainsi que sur votre performance et votre compétitivité.

Quels types de risques attendent votre entreprise?
Comment en réduire les impacts?

Quels sont les risques pour votre entreprise?

Les risques climatiques peuvent se manifester sur divers horizons temporels et ils sont susceptibles de s’intensifier avec le temps, surtout si l’économie mondiale subit une transition désordonnée.

Ils peuvent engendrer des risques financiers, comme les risques de crédit, de marché, d’assurance et de liquidité. Ils sont aussi parfois à l’origine de risques stratégiques, opérationnels et d’atteinte à la réputation. Dans les cas graves, les risques climatiques peuvent menacer la viabilité à long terme du modèle opérationnel d’une organisation.

Les risques ne sont pas les mêmes pour tous. Comme première étape, vous devez déterminer quels sont ceux qui affecteront vos opérations à court, à moyen et à long terme. Ensuite, vous élaborerez un plan pour appréhender ces risques de la bonne façon et au moment opportun, afin d’en réduire les impacts.

Voici un aperçu des différents risques à départager pour les entreprises, incluant pour les PME. Ils se classent en plusieurs catégories.

Risques physiques

Les risques physiques désignent les risques financiers découlant :

  • de la gravité et de la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques (c’est-à-dire les risques physiques aigus);
  • des changements graduels à long terme du climat (c’est-à-dire les risques physiques chroniques);
  • des effets indirects des changements climatiques, comme les répercussions sur la santé publique (ex. : les répercussions sur la morbidité et la mortalité).

Risques liés à la transition

Les risques de transition désignent les risques financiers liés au processus d’ajustement vers une économie à faibles émissions de gaz à effet de serre (GES). Ces risques peuvent découler :

  • des politiques gouvernementales, lois et règlements actuels ou futurs visant à limiter les émissions de GES;
  • des progrès technologiques;
  • des changements dans les attentes du marché et des clients à l’égard d’une économie à faibles émissions de GES.

Tous les paliers de gouvernement prévoient adopter de nouvelles lois et des règlements concernant les ESG dans un avenir proche. Les autorités des marchés financiers nord-américaines vont également renforcer les obligations en ce sens.

Par exemple, le gouvernement fédéral rendra obligatoire la divulgation des facteurs ESG et des risques climatiques pour les institutions sous sa gouverne d’ici 2024, ce qui pourrait avoir un impact sur votre entreprise.

Risques liés à la responsabilité des entreprises

Les risques physiques et de transition peuvent également entraîner des risques de responsabilité, comme :

  • le risque de réclamations liées au climat en vertu de polices d’assurance responsabilité;
  • le risque de poursuites intentées directement contre les institutions financières pour avoir omis de gérer les risques climatiques.

Comment en réduire les impacts?

Mieux vous serez préparés pour ce qui s’en vient, et ce qui est déjà en cours, plus votre entreprise sera apte à poursuivre ses activités. Voici les étapes essentielles pour réussir à mettre en place des mesures efficaces qui tiennent compte des facteurs ESG.

Analyser votre situation et votre marché

En premier lieu, vous devez vous poser les bonnes questions par rapport aux attentes de votre secteur d’activité, aux réglementations en place et aux exigences du marché. Par exemple :

  • Est-ce qu’une pression se fait sentir de la part de vos partenaires ou de vos compétiteurs?
  • Êtes-vous tenu de présenter une reddition de comptes, selon les réglementations qui ont cours ou pour répondre à des exigences d’investisseurs?
  • Est-ce que votre clientèle ou votre marché exigent de votre part un engagement vers la carboneutralité?

Déterminer vos cadres de référence

Déterminez les cadres de référence les plus appropriés au contexte de votre entreprise. Quelles sont les réglementations qui s’appliquent à votre organisation et à quelles exigences devez-vous vous conformer (cadre du GIFCC, normes du CDP, standards SASB, etc.)?

Élaborer votre stratégie et votre plan de match

Ensuite, vous devez évaluer quelle est la réelle empreinte climatique de vos activités et les répercussions de celle-ci sur votre performance financière et, bien sûr, quelles sont les solutions pour les atténuer.

  • Calculez l’impact climatique de votre entreprise durant les phases de production et d’exploitation (émissions de carbone, utilisation de l’eau, gestion des déchets, etc.);
  • Vérifiez quels sont les risques matériels auxquels est confrontée votre entreprise;
  • Analysez les implications financières (coûts, programmes, subventions, etc.).

Élaborez votre plan de match en priorisant les actions à prendre à court, moyen et long terme.

Faire un suivi et communiquer l’information

Assurez un suivi des indicateurs de performance pour vérifier les résultats et l’avancement de votre plan d’action. Vous pourrez ainsi procéder à des ajustements en cours de route. N’oubliez pas de communiquer votre stratégie et vos résultats à l’interne comme à l’externe.

Être bien accompagné

Pour bien orienter vos décisions dans ce domaine, l’accompagnement d’un expert en la matière peut s’avérer judicieux. Il saura vous renseigner sur les réglementations qui ont cours et sur les mesures à prendre pour évoluer avec votre marché.

18 Oct 2022  |  Écrit par :

Vincent Cartier est expert en gestion du risque au sein de Raymond Chabot Grant Thornton....

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