L’affectation d’employés canadiens en sol américain peut engendrer son lot d’obligations en matière d’impôts et de retenues. Quelles sont-elles?

Bon nombre d’entreprises québécoises font affaire aux États-Unis en y déléguant des employés. Toutefois, l’affectation de travailleurs en sol américain, que ce soit pour participer occasionnellement à des foires commerciales, rencontrer des clients ou y diriger un bureau, n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Il importe en effet d’analyser la question en profondeur, car cette présence peut engendrer son lot d’obligations fiscales pour les parties concernées.

Obligations en matière d’impôt américain

Une compagnie québécoise qui affecte temporairement un employé québécois au sud de la frontière devra effectuer les remises d’impôt au fisc américain sur le salaire qu’elle verse à son employé qui rend un service sur le sol américain.

Il y a toutefois des exceptions, comme celle prévue par la convention fiscale entre le Canada et les États-Unis lorsque l’employé y est présent au cours d’une ou plusieurs périodes n’excédant pas 183 jours et que sa rémunération est gérée et payée à partir du Québec. Il en va de même si la proportion du salaire gagné annuellement en sol américain ne dépasse pas 10 000 $ US.

Pour se prévaloir proactivement de l’avantage de la convention fiscale, l’employé devra produire le formulaire 8233 et le remettre à son employeur.

Fait important à souligner : les avantages prévus par la convention fiscale ne sont pas systématiquement reconnus au niveau étatique américain. En effet, chaque État américain a ses propres règles et certains d’entre eux ne reconnaissent pas les dispositions du traité fiscal. Il est donc important de consulter un expert en fiscalité transfrontalière pour clarifier cet aspect.

Charges sociales américaines

Toute rémunération octroyée à des employés pour des services rendus en territoire américain est, règle générale, sujette aux retenues de charges sociales américaines (Social Security et Medicare). Il y a, encore là, des exceptions.

L’entente convenue entre le Québec et les États-Unis en matière de sécurité sociale prévoit en effet une exemption des charges sociales américaines si l’employé y est détaché pendant une période maximum de cinq (5) ans. Durant cette période, l’employé continuera de cotiser au Régime de rentes du Québec sur la rémunération. Une demande doit être envoyée au Bureau des ententes de sécurité sociale préalablement au détachement pour pouvoir bénéficier de cette exemption.

De façon générale, il est très avantageux de se prévaloir de cette entente. Elle permet à un employé détaché de continuer à cotiser au régime québécois (Régime de rentes du Québec) plutôt qu’au régime américain, ce dernier étant beaucoup plus coûteux, à la fois pour l’employeur et pour l’employé.

Formulaires à produire

Dans tous les cas, tant l’employeur que l’employé devront produire des formulaires fiscaux.

Pour l’employé, il faudrait produire la déclaration de revenus US (formulaire 1040) pour ceux qui s’expatrient de façon permanente ou la déclaration de revenus de non-résident US (formulaire 1040 NR) pour ceux qui sont affectés temporairement.

Le formulaire 8833 et le formulaire 8840 servent à invoquer la résidence fiscale canadienne pour les employés qui ont une présence physique importante aux États-Unis tout en maintenant des liens de résidence importants avec le Canada.

Du côté de l’employeur, il faudrait, entre autres, émettre le feuillet fiscal W-2 (équivalent du T4 au Canada).

Établissement stable ou non

Ces obligations fiscales reposent essentiellement sur le concept d’établissement stable. Une entreprise québécoise sera en effet assujettie à l’impôt américain si elle maintient une place d’affaires fixe aux États-Unis.

Dans ce cas, il importe toutefois de savoir que seulement le revenu attribuable à l’établissement stable, et non à l’ensemble des activités d’une entreprise, est alors imposable aux États-Unis. Par ailleurs, en recourant au mécanisme du crédit canadien pour impôt étranger, l’entreprise canadienne n’aura pas, dans la majorité des cas, d’impôt en double à verser sur ces revenus.

Savoir si l’entreprise québécoise a un établissement stable ou non chez nos voisins du sud est une question de fait qui devra être analysée avec minutie.

L’affectation d’employés aux États-Unis, comme on peut le voir, peut s’avérer complexe. Il importe donc de consulter un expert en fiscalité internationale, qui maîtrise les règles fiscales en vigueur au Canada et au sud de la frontière, afin de mieux vous accompagner et ainsi minimiser l’impact fiscal d’une telle décision.

Article suivant

L’équipe IFRS de Grant Thornton International a publié trois documents dans la série Insights into IFRS 3 (en anglais seulement).

Les fusions et acquisitions (regroupements d’entreprises) peuvent avoir une incidence fondamentale sur les activités, les ressources et les stratégies de l’acquéreur. Pour la plupart des entités, ces transactions sont rares et chacune d’entre elles est unique. La norme IFRS 3 Regroupements d’entreprises présente les exigences relatives à ces transactions, exigences qui sont difficiles à appliquer. La norme même est en place depuis plus de dix ans maintenant et a fait l’objet d’un examen post-mise en œuvre par l’IASB.

La série Insights into IFRS 3 résume les domaines clés de la norme en soulignant des aspects plus difficiles à interpréter et en examinant les caractéristiques les plus pertinentes et susceptibles d’avoir des répercussions sur votre entreprise.

Les trois nouveaux documents de la série Insights into IFRS 3 présentent des indications sur les exigences d’IFRS 3 concernant la comptabilisation et l’évaluation des participations ne donnant pas le contrôle (PASC), la détermination et l’évaluation du montant de la contrepartie transférée, et la détermination de ce qui fait partie d’un regroupement d’entreprises dans les cas où il existe d’autres transactions et arrangements entre les parties :

  • Insights into IFRS 3 – Recognising and measuring non-controlling interests;
  • Insights into IFRS 3 – Consideration transferred;
  • Insights into IFRS 3 – Determining what is part of a business combination transaction.

Article suivant

À compter de 2024, le calcul de l’IMR sera modifié de façon importante, dans le but de mieux cibler les contribuables à revenu élevé.

Ainsi, le taux de l’impôt minimum de remplacement (IMR) sera haussé de 15 % à 20,5 % et l’exemption de base passera de 40 000 $ à environ 173 000 $ . Par ailleurs, l’assiette du revenu imposable servant au calcul de l’IMR sera élargie. Le Québec s’harmonisera à ces mesures, avec ses propres paramètres de taux et d’exonération.

Ces changements auront une incidence pour les contribuables à revenus élevés, notamment pour les particuliers (et fiducies) qui réaliseront un gain en capital important, particulièrement un gain en capital non admissible à la déduction pour gains en capital (DGC).

Exemple : Un particulier qui reçoit un salaire de 150 000 $ et des dividendes de 100 000 $, qui réalise un gain en capital de 3 M$ sur lequel il réclame une DGC de 971 000 $ en 2023 n’aurait pas d’IMR à payer. Ce même particulier devrait débourser un peu plus de 100 000 $ au titre de l’IMR selon les nouveaux paramètres prévus à compter de 2024.

Un entrepreneur qui vend ses actions en fin de carrière pourrait se retrouver avec un IMR important à payer, sans possibilité de le récupérer s’il n’a pas d’autres sources de revenus après sa retraite, comme du salaire ou des retraits REER.

Puisqu’uniquement 50 % des crédits d’impôt non remboursables, y compris le crédit d’impôt pour don de bienfaisance, réduira désormais l’IMR, ces changements toucheront les contribuables qui font des dons importants. Les particuliers qui auront un important avantage imposable en lien avec l’exercice d’options d’achat d’actions pourraient aussi être affectés, puisqu’un tel avantage sera désormais considéré à 100 % aux fins de l’IMR (sans déduction).

L’IMR en bref

L’IMR vise à s’assurer que tous les particuliers (incluant les fiducies) paient leur juste part d’impôt. Il s’agit d’un calcul parallèle à l’impôt régulier qui accorde moins de déductions, d’exonération et de crédits d’impôt que les règles ordinaires.

Au moment de produire sa déclaration, un particulier doit payer l’IMR ou l’impôt régulier, selon le plus élevé des deux. L’impôt additionnel ainsi payé dans une année peut être récupéré sur les sept années subséquentes, dans la mesure où l’impôt régulier excède l’IMR dans ces années.

Estimez l’incidence et planifiez!

Certaines transactions prévues au début de 2024 pourraient devoir être devancées ou réparties sur les années 2023 et 2024 afin de limiter l’incidence de ces changements.

Consultez votre fiscaliste pour en discuter au besoin et évaluer l’incidence de ces mesures.

Article suivant

Le document La fiscalité au Québec : des mesures favorables à l’investissement s’adresse spécialement aux entreprises étrangères qui envisagent de réaliser un projet d’investissement au Québec.

Produit par Investissement Québec en collaboration avec nos experts, ce document présente sommairement les principales mesures fiscales qui s’appliquent aux sociétés en exploitation au Québec. Le contenu de cette brochure est présenté à titre informatif seulement et ne se substitue pas aux textes législatifs, réglementaires ou adoptés par décret par le gouvernement du Québec.

Notre équipe d’experts en fiscalité peut répondre aux besoins de votre entreprise. Communiquez avec nous pour atteindre votre plein potentiel de croissance.

Pour en savoir davantage, téléchargez le document ci-dessous.

[class^="wpforms-"]
[class^="wpforms-"]