Frédéric Gagné
Associé | CPA, M.Fisc | Fiscalité

Si l’Europe présente des occasions d’affaires intéressantes, les entreprises ne doivent pas oublier qu’elles peuvent devoir payer la TVA.

Un nombre croissant d’entreprises québécoises lorgnent l’Europe pour y exporter des produits ou offrir des prestations de services et ainsi diversifier leurs marchés. L’Union européenne (UE) est considérée comme la deuxième économie mondiale et donne ainsi accès à un vaste marché de plus de 500 millions de consommateurs.

L’Accord économique commercial global (AECG) conclu entre ses 27 pays membres et le Canada exempte notamment de tarifs douaniers la majorité des produits exportés. Toutefois, les entreprises doivent encore payer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et s’acquitter de leurs obligations en matière de déclaration fiscale.

La TVA, presque comme la TPS-TVQ

Par son application et sa facturation, la TVA s’apparente à la taxe sur les produits et services (TPS) et à la taxe de vente du Québec (TVQ) perçues par les entreprises québécoises lors de la vente de la plupart des biens et des services au Québec. Il s’agit également d’une taxe à la consommation qui s’applique différemment selon les biens et services achetés et vendus dans l’UE.

Ce n’est pas une taxe qui pèse lourd sur les finances d’une entreprise, puisqu’elle est, tout comme la TPS et la TVQ, payée par le consommateur final. Les organisations doivent toutefois s’assurer de calculer le montant de la taxe (en euros), de l’inscrire sur la facture avec leur numéro d’identification de la TVA, puis de la verser à l’administration fiscale du pays au bon moment.

Des taux élevés et variables

Chaque pays membre de l’UE fixe ses propres taux, établis en fonction de différentes modalités : le taux normal, le taux réduit et les taux spéciaux. Le taux normal ne peut pas être inférieur à 15 % et, dans les faits, il oscille autour du taux de 20 % qui est en vigueur en France.

Le taux est encore plus élevé dans les pays scandinaves et la plupart des pays d’Europe de l’Est, variant alors de 23 % à 27 %, et est légèrement inférieur en Allemagne (19 %). Des taux réduits ou des taxes supplémentaires peuvent aussi être appliqués à la livraison de biens et services spécifiques (alcool, énergie, bijoux de fantaisie, etc.).

Une analyse préliminaire par un spécialiste pourra vous aider à déterminer les impacts des taxes européennes sur votre entreprise.

Attention aux mauvaises surprises aux douanes

Les entreprises québécoises et canadiennes ne doivent pas négliger l’importance de la TVA. Elles risquent en effet de voir leurs produits être retenus aux douanes ou à la poste si la TVA n’a pas été perçue et payée par l’entreprise qui exporte des produits. Un consommateur pourrait même avoir la très mauvaise surprise de devoir payer cette taxe au moment de recevoir son colis. Une telle situation risque fort de briser les liens de confiance, voire les relations commerciales, établis entre une entreprise et ses clients.

De plus, cette taxe étant la plus éludée et la fraude fiscale la plus fréquemment répandue en France, elle fait donc l’objet de contrôles très sévères de la part de l’administration fiscale de ce pays. Dans d’autres pays de l’UE, les sanctions sont également accrues.

Une actualisation annuelle nécessaire

Certains biens et services sont exonérés de la TVA. Cependant, les entreprises d’ici ne doivent pas présumer que, puisqu’elles ne paient pas de TPS et de TVQ, elles seront aussi exemptées de la TVA dans les pays de l’Union européenne.

Dès qu’une entreprise veut faire des affaires en Europe, elle a donc intérêt à bien comprendre les règles spécifiques applicables à la TVA. De plus, les lois en matière de TVA font l’objet d’études et de modifications chaque année.

Par ailleurs, les entreprises qui vendent des biens ou services redevables de la TVA en France peuvent être tenues de désigner un représentant fiscal qui sera chargé d’effectuer les formalités et obligations qui leur incombent. L’entreprise doit ainsi s’attendre à payer une somme annuelle élevée.

Toutefois, étant donné la complexité et la diversité des obligations fiscales, choisir un expert compétent en fiscalité internationale pourrait vous éviter de gros soucis et des pénalités coûteuses.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Alexandre Lecomte, conseiller en fiscalité chez Raymond Chabot Grant Thornton.

27 Mar 2023  |  Écrit par :

Frédéric Gagné est expert en fiscalité au sein de Raymond Chabot Grant Thornton. Communiquez...

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Le solde budgétaire pour l’année 2023-2024 serait déficitaire de 3,900 G$, après un versement de 2,3 G$ au Fonds des générations et sans l’utilisation de la réserve de stabilisation. Fait à noter, le déficit prévu lors du budget de mars 2022 de 3,998 G$ pour l’année 2023-2024 était presque identique à celui prévu cette année dans le présent budget.

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En matière de santé, par exemple, le budget prévoit près de 5,6 G$ sur cinq ans afin de rendre le réseau de la santé plus performant et plus humain. Au chapitre de l’éducation, une priorité du présent budget, une somme de 2,3 G$ est prévue d’ici 2027-2028 pour développer le potentiel des jeunes, notamment 1,5 G$ pour aider les jeunes à réussir et 717 M$ pour favoriser l’accès, la persévérance et la diplomation.

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  • de rejoindre un nombre accru de secteurs d’activité;
  • d’offrir un incitatif bonifié qui pourra désormais atteindre jusqu’à 25 % des investissements selon le lieu de réalisation du projet au Québec.

Ce nouveau congé fiscal représente un soutien financier aux entreprises de 373 M$ au cours des cinq prochaines années et entend appuyer la réalisation de près de 100 nouveaux projets en sol québécois d’ici la fin de 2029 et produire, à terme, des investissements totalisant plus de 24 G$.

Quant à l’accélération du déploiement des zones d’innovation, le gouvernement prévoit investir 100 M$ sur cinq ans afin d’ajouter de nouvelles zones à celles déjà connues, soit Sherbrooke et Bromont.

D’autres mesures pour contribuer à la prospérité des régions sont également annoncées, avec des investissements totalisant 1,4 G$, dont de l’argent frais pour accroître l’autonomie alimentaire (175 M$) et pour soutenir l’offre touristique (75 M$). En matière de transport, dont certaines mesures visent à mieux desservir les communautés éloignées, il est à noter qu’une somme budgétaire de 722 M$ est consacrée à soutenir la relance du transport collectif, à diversifier l’offre de transport pour les personnes à mobilité réduite, à maintenir les services aériens régionaux essentiels et à investir dans des infrastructures de transport terrestre performantes et sécuritaires.

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Conséquemment, précise le budget, « pour l’application de l’impôt sur le revenu, les opérations effectuées au moyen d’une monnaie virtuelle sont considérées comme une opération de troc. […] Lorsqu’une transaction est effectuée au moyen ou à l’égard d’une monnaie virtuelle et que celle-ci génère une incidence fiscale, un contribuable doit généralement la déclarer aux autorités fiscales ».

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Pour en savoir plus sur les mesures fiscales annoncées dans ce budget, consultez le document joint.

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