Le facteur humain est au cœur du succès d’une transformation. Les gestionnaires ont un rôle crucial à jouer pour faire arriver le changement.

Pour rester dans la course, les entreprises n’ont plus le choix d’entreprendre un virage numérique et technologique, par étapes, en priorisant leurs besoins. Elles s’engagent alors dans une démarche de transformation profonde de la culture organisationnelle qui bouleverse les façons de faire. Dans cette gestion du changement, il est essentiel de ne pas oublier l’humain.

Dans un récent sondage effectué par notre firme sur les facteurs clés du succès de la transformation numérique, les dirigeants d’entreprise indiquent que la main-d’œuvre arrive en tête de liste à 32 %, loin devant le financement (7 %) et même les technologies (4 %). Ces résultats en disent long sur l’importance de prendre soin des équipes pour les accompagner pendant la transition.

Mobiliser vos équipes

La direction est l’instigatrice de la stratégie numérique de l’entreprise et elle se doit de développer un plan de communication efficace pour bien préparer les employés aux changements. Toutefois, il revient aux gestionnaires d’être attentifs et d’agir en continu auprès des équipes pour s’assurer qu’elles comprennent bien la nécessité de la transformation numérique et technologique en cours et de la vulgariser autant que possible.

Il est bon également de rappeler aux employés ce qu’ils ont à y gagner, que ce soit l’élimination des tâches répétitives et sans valeur ajoutée, l’acquisition de nouvelles connaissances et compétences, l’implantation d’équipements plus performants, des gains d’efficacité et de productivité, la sécurisation des emplois, etc.

Quand les employés adhèrent aux changements technologiques, ils se mobilisent plus facilement, et ce, tout au long du projet. C’est seulement à cette condition que l’organisation pourra faire de grandes avancées.

S’adapter en cours de route et favoriser la participation active

Il faut aussi se rappeler qu’un projet de transformation numérique n’est jamais linéaire. Durant la phase d’intégration, il est parfois nécessaire de faire preuve d’agilité en prenant un pas de recul quand la solution choisie ne remplit pas ses promesses ou que des difficultés techniques ralentissent le rodage des machines. Lors de telles phases, il est alors important de rappeler les messages du plan de communication et, surtout, de rester à l’écoute des idées et des propositions pour trouver des solutions aux problèmes et s’ajuster.

De fait, à chacune des étapes de la transformation, la communication se doit d’être bidirectionnelle afin de profiter de l’intelligence collective. Il est tout aussi important de célébrer chacune des réussites, peu importe leur taille, afin de conserver l’élan.

Former et outiller en gestion du changement

Pour bien jouer leur rôle, les gestionnaires doivent être formés à la gestion du changement. L’entreprise doit leur fournir les outils nécessaires pour qu’ils puissent diriger efficacement les activités et les équipes dans un environnement en évolution.

Pour cela, ils ont besoin de bien comprendre la portée de la transformation afin de bien gérer leurs propres préoccupations face à la voie à prendre. Ils doivent également être capables de mesurer les risques opérationnels afin de les prévenir ou de les atténuer.

Parmi ces risques, il y a toujours ces employés qui se montrent plus résistants face aux changements. Avec souplesse, le gestionnaire devra donc adapter ses interventions. Il sera d’autant plus important d’écouter leurs craintes — de devenir inutiles ou incompétents, par exemple — et de répondre à leurs inquiétudes ou frustrations. Autrement, ils pourraient se démobiliser, ne plus proposer d’idées, voire créer un climat négatif au sein de l’équipe.

Il peut aussi être judicieux d’identifier des employés qui participent pleinement à la démarche d’innovation pour en faire de véritables ambassadeurs au sein de leur propre équipe. C’est ce qui aidera à faire avancer les projets jour après jour.

Prévoir les impacts sur les activités quotidiennes

Il ne faut pas non plus sous-estimer l’impact du projet technologique sur les opérations courantes. Le gestionnaire devra exercer une coordination efficace pour éviter ou à tout le moins amoindrir les interférences entre les deux.

Une récente étude du ministère de l’Économie et de l’Innovation a démontré que lorsque le changement est bien géré, l’entreprise a quatre fois plus de chances de respecter ses échéanciers. Elle multiplie également par six la possibilité d’atteindre les objectifs visés et a de bien meilleures chances (soit 1,6 fois plus) de respecter le budget.

Voilà autant de bonnes raisons de bien préparer vos gestionnaires, qui sont en première ligne dans cette gestion du changement, pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle.

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Nicolas Plante
Associé | MGP, PMP | Conseil en management

Bien que certaines municipalités aient élaboré des règlements leur permettant de percevoir des redevances de développement – également appelées « frais de croissance » –, cette disposition légale reste sous-utilisée par la grande majorité des administrations municipales du Québec.

L’objectif de cet article est d’informer les représentants du milieu municipal au sujet de cet intéressant levier financier visant à soutenir les dépenses liées à la croissance des infrastructures sur le territoire d’une municipalité.

De nouveaux pouvoirs habilitants depuis 2016

Rappelons d’abord que les compétences en matière de taxation et de redevances des municipalités ont été élargies au cours des dernières années. À l’heure actuelle, les pouvoirs que les administrations municipales ont la possibilité d’utiliser pour générer des revenus se regroupent en trois grandes catégories :

  1. Pouvoir général de taxation et de redevance : selon la Loi sur les cités et villes aux articles 500.1 à 500.11;
  2. Taxation à taux variés et tarification : selon la Loi sur la fiscalité municipale aux articles 244.38 à 244.64.9 pour la taxation à taux variés et aux articles 244.1 à 244.10 en ce qui a trait à la tarification;
  3. Redevance de développement : selon la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) aux articles 145.21 à 145.30.

C’est sur ce troisième volet autorisé par Québec que nous nous attarderons brièvement aujourd’hui, tout en examinant quelques exemples de règlements déjà adoptés par des municipalités.

Qu’en est-il exactement de cette nouvelle disposition légale? En fait, depuis 2016, le gouvernement du Québec donne aux conseils municipaux la possibilité d’instaurer une redevance visant à faire contribuer le propriétaire qui demande l’émission d’un permis au financement des travaux que devra faire la municipalité pour répondre à la croissance induite en services municipaux.

Or, selon l’article 145.21 de la LAU, le conseil d’une municipalité peut, par règlement, assujettir la délivrance d’un permis de construction ou de lotissement ou d’un certificat d’autorisation ou d’occupation :

  1. à la conclusion d’une entente entre le requérant et la municipalité portant sur la réalisation de travaux relatifs aux infrastructures et aux équipements municipaux et sur la prise en charge ou le partage des coûts relatifs à ces travaux;
  2. au paiement par le requérant d’une contribution destinée à financer tout ou partie d’une dépense liée à l’ajout, l’agrandissement ou la modification d’infrastructures ou d’équipements municipaux requis pour assurer la prestation accrue de services municipaux découlant de l’intervention visée par la demande de permis ou de certificat.

Les équipements municipaux visés au paragraphe 2° du premier alinéa ne comprennent pas le matériel roulant dont la durée de vie utile prévue est inférieure à sept ans ni les équipements informatiques.

Pour la municipalité, ces redevances constituent donc des contributions de croissance servant à répondre aux besoins en immobilisations induits par la croissance immobilière, tels que ceux relatifs à la réfection ou à la construction de casernes de pompiers, de bibliothèques, d’infrastructures de gestion des rejets à l’égout, etc.

Ces « frais de croissance » peuvent ainsi être perçus relativement à des ajouts, à des agrandissements ou à des modifications qui doivent être effectués sur des infrastructures et des équipements municipaux souvent déjà existants, et qui sont rendus nécessaires par la croissance de la demande de services générée par la demande de permis.

Il est à noter que les infrastructures concernées ne servent pas seulement ou prioritairement au nouveau développement, mais à l’ensemble de la municipalité. De plus, la redevance de développement doit être versée avant même que le permis ou le certificat ne puisse être délivré, étant donné qu’elle est directement exigible en vertu du règlement municipal qui la prévoit.

Règlements municipaux en lien avec les frais de croissance

À ce jour, une dizaine de municipalités ont adopté un règlement en vue d’instaurer une redevance de développement. Voici trois exemples.

Saint-Colomban

En 2020, cette municipalité s’est dotée du Règlement relatif au paiement d’une contribution destinée à financer tout ou partie d’une dépense liée à l’ajout, l’agrandissement ou la modification d’infrastructures ou d’équipements municipaux.

Le règlement a pour objectif de financer l’agrandissement ou la modification d’infrastructures ou d’équipements municipaux requis pour assurer la prestation accrue de services municipaux découlant de l’intervention visée par une demande de permis en assujettissant certains travaux au paiement d’une contribution.

La délivrance d’un permis est assujettie au paiement par le requérant, au moment de la demande de permis, d’une contribution à l’égard des travaux suivants : construction d’une unité de logement, ajout d’une unité de logement et réaménagement d’un bâtiment en lien avec un changement d’usage.

Le montant total des redevances anticipées pour la durée de vie du règlement est estimé à environ 43 M$ pour environ 1 364 unités de logement constructibles sur le territoire. Pour l’année 2020, le montant de la redevance était de 5 994 $ pour chaque unité de logement visée par le règlement.

Carignan

En 2019, la Ville de Carignan a adopté le Règlement établissant le paiement d’une contribution de croissance lors de la délivrance d’un permis de construction neuve ou de lotissement. Ce règlement autorise la constitution de deux fonds, soit « Infrastructures – loisirs, culture et administration » et « Infrastructures – hygiène du milieu ». Ces fonds sont destinés exclusivement à recueillir le paiement de la contribution de croissance exigée du requérant.

Concernant le fonds « Infrastructures – loisirs, culture et administration », le paiement par le requérant varie entre 1 200 $ et 2 400 $ par unité de logement (3 ½ et moins à 5 ½) ainsi que par unité équivalente de commerce et d’industrie.

Quant au paiement par le requérant d’une contribution liée au fonds « Infrastructures – hygiène du milieu », la somme varie entre 1 300 $ et 2 600 $ par unité de logement (3 ½ et moins à 5 ½) et par unité équivalente de commerce et d’industrie.

Trois-Rivières

Pour sa part, la municipalité de Trois-Rivières a instauré le Règlement exigeant de la personne qui requiert la délivrance de certains permis le paiement d’une contribution financière. Il vise à assujettir la délivrance d’un permis de construction ou de lotissement, ou d’un certificat d’autorisation ou d’occupation, au paiement d’une contribution. Le Règlement vient ainsi créer un fonds dont l’actif est destiné exclusivement à :

  1. favoriser et à soutenir la création, l’aménagement, le réaménagement et la mise à niveau d’un parc, d’un espace vert, d’un espace naturel, d’un réseau cyclable ou d’autres zones de conservation;
  2. la mise à niveau ou l’augmentation de la capacité d’accueil des équipements ou infrastructures de gestion des rejets à l’égout.

Les règles d’application sont multiples, mais on y retrouve entre autres la construction d’une habitation unifamiliale, pour laquelle la redevance est comprise entre 375 $ et 875 $ par unité, la construction d’une habitation multifamiliale, pour laquelle le montant de la taxe se situe entre 330 $ et 1 875 $, ou encore le rejet des eaux usées, pour lequel les montants sont variables. Les montants prévus pour ce fonds d’une durée indéterminée s’élèvent à 2 M$.

En somme, ces revenus supplémentaires constituent une diversification des sources de revenus pour les municipalités et viennent soutenir le financement des infrastructures. Dans la majorité des cas, il est facile de mettre en place de telles mesures par voie de règlement et les redevances génèrent des revenus substantiels. Les suivis requièrent peu d’efforts de la part des administrations municipales.

Cependant, un facteur important à prendre en compte lors de l’application d’un tel règlement est que si les redevances sont trop élevées, cela peut ralentir le développement immobilier et, conséquemment, freiner de manière plus générale la croissance des revenus et l’essor de la municipalité.

Le texte suivant a été originalement publié dans la revue Carrefour, édition d’automne 2022, de la Corporation des officiers municipaux agréés du Québec (COMAQ).

30 Nov 2022  |  Écrit par :

Nicolas Plante est associé au sein de Raymond Chabot Grant Thornton. Il est votre expert en conseil...

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Quels sont les risques et les perspectives pour une entreprise dans un marché volatile? Quelles mesures prendre pour rester rentable et croître?

Les pressions inflationnistes du contexte post-pandémique ont donné lieu à d’énormes défis économiques, plaçant les entreprises de divers secteurs dans une situation délicate et créant des niveaux d’incertitude sans précédent.

Sondage : mesures prises ou prévues pour lutter contre l’inflation
Plan d’action contre l’inflation

La flambée des prix, conjuguée à une multitude de défis en découlant, a fortement ébranlé l’économie. L’inflation annuelle a atteint son plus haut niveau depuis 39 ans en 2022 avant de s’atténuer légèrement en juillet. Bien qu’on ne sache pas si l’indice des prix à la consommation (IPC) augmentera ou diminuera au cours des mois à venir, l’inflation généralisée ne semble pas près de disparaître. En fait, la Banque du Canada ne prévoit pas que son objectif de ramener l’inflation à sa cible de 2 % sera atteint avant la fin de 2024.

La Banque centrale a augmenté les taux d’intérêt afin d’endiguer la flambée des prix et il en découle de nombreux enjeux qui ne sont pas faciles à résoudre. Les pénuries de main-d’œuvre, les fluctuations de la demande et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement causées par les événements géopolitiques, notamment le conflit entre la Russie et l’Ukraine et les tensions entre la Chine et Taïwan, chamboulent même les plans les mieux conçus.

Compte tenu du niveau de volatilité, les entreprises doivent être proactives dans la gestion des impacts. Toutefois, les données de l’International Business Report (IBR) de Grant Thornton publié en 2022 suggèrent que les entreprises canadiennes ont été plus lentes à réagir que leurs concurrentes hors frontières.

Selon le rapport, qui donne un aperçu global des défis auxquels les sociétés du marché des moyennes entreprises est confronté, seul un quart environ des entreprises canadiennes a pris des mesures pour lutter contre l’inflation. Si l’on examine de plus près les douze mesures énoncées dans l’enquête, les entreprises canadiennes obtiennent une note plus faible que la moyenne mondiale dans chaque catégorie, sauf une.

À propos du rapport

L’International Business Report (IBR) de Grant Thornton est la principale étude mondiale sur le marché des moyennes entreprises. Lancé en 1992, l’IBR propose un aperçu des perceptions et attentes de quelque 10 000 entreprises de 28 régions du monde. Réalisé deux fois l’an, il repose sur des entretiens avec des chefs de direction, des directeurs généraux, des présidents du conseil et d’autres cadres supérieurs issus de tous les secteurs d’activité. L’enquête 2022 menée en mai et en juin prend en compte les réponses de plus de 250 chefs d’entreprise canadiens.

Sondage : mesures prises ou prévues pour lutter contre l’inflation

Parmi les mesures suivantes, lesquelles avez-vous prises ou envisagez-vous de prendre pour faire face à la hausse des coûts et aux inquiétudes entourant l’inflation?

1. Nous avons pris des mesures pour améliorer l’efficacité interne, diminuer les coûts ou réduire les pertes.

 

CANADA : 33 %

MONDIAL : 37 %

 

2. Nous avons modifié notre stratégie de tarification afin qu’elle soit davantage adaptée à l’augmentation des coûts.

 

CANADA : 28 %

MONDIAL : 31 %

3. Nous avons pris des mesures pour limiter les hausses de coûts externes.

CANADA : 26 %

MONDIAL : 31 %

4. Nous avons élaboré des plans pour atténuer les risques d’inflation.

CANADA : 26 %

MONDIAL : 28 %

5. Nous avons pris des mesures pour réduire les niveaux d’endettement ou les intérêts.

CANADA : 26 %

MONDIAL : 26 %

6. Nous avons mis l’accent sur la différenciation des produits ou des services.

CANADA : 24 %

MONDIAL : 29 %

7. Nous avons collaboré avec les concurrents, les organismes du secteur ou le gouvernement pour aider à réduire les coûts.

CANADA : 23 %

MONDIAL : 24 %

8. Nous avons amélioré notre compréhension du coût réel pour répondre aux besoins des clients.

CANADA : 22 %

MONDIAL : 31 %

9. Nous avons eu davantage recours aux mesures incitatives à long terme pour le personnel, comme les actions et les participations aux bénéfices, afin de mieux contrôler les coûts.

CANADA : 22 %

MONDIAL : 25 %

10. Nous avons réduit notre dépendance aux produits, services ou clients moins rentables.

CANADA : 19 %

MONDIAL : 23 %

11. Nous avons modifié la qualité ou la diversité des produits ou des services afin de réduire les coûts.

CANADA : 17 %

MONDIAL : 25 %

12. Nous avons sous-traité davantage d’activités pour réduire les coûts.

CANADA : 15 %

MONDIAL : 22 %

13. Aucune de ces réponses

CANADA : 3 %

MONDIAL : 4 %

Ces résultats sont peut-être liés au fait que notre économie fondée sur les ressources a largement bénéficié de la flambée des prix des produits de base qui a résulté de la pandémie, ce qui a pu donner à de nombreuses entreprises un faux sentiment de confiance lorsque l’inflation s’est installée. Quelles que soient les raisons, les entreprises canadiennes qui gardent leur calme et poursuivent leurs activités – sans prendre de mesures décisives – pourraient être désavantagées à l’échelle mondiale alors que d’autres économies s’efforcent de surmonter les défis que pose l’inflation.

Si les entreprises canadiennes réagissent lentement, il ne semble pas que ce soit en raison de l’absence de répercussions. En effet, le rapport souligne que les entreprises canadiennes ressentent la pression de l’augmentation des coûts. Selon l’étude de l’IBR, lorsqu’on a demandé aux répondants quelles étaient les contraintes spécifiques à l’expansion et à la croissance, ceux-ci ont identifié les coûts de la main-d’œuvre et de l’énergie comme étant les principaux problèmes. Et ces coûts, tout comme d’autres, ont considérablement augmenté.

Selon les résultats de l’enquête, les coûts des entreprises canadiennes liés aux matières premières, à l’énergie, aux services publics et au transport ont augmenté de 18 % sur une période d’un an. L’augmentation des coûts liés au matériel, des salaires et des paiements d’intérêts suit de près, ce qui suggère que de nombreuses entreprises font face à des hausses de coûts à de multiples niveaux.

Alors que les entreprises canadiennes doivent redoubler d’efforts pour rester compétitives et préserver leur santé financière, il est parfois difficile de déterminer de quelle façon y parvenir dans un environnement économique aussi complexe. La dernière période d’inflation remonte aux années 1980 et, même si nous pouvons établir certains parallèles entre cette époque et celle d’aujourd’hui, nous constatons également des différences importantes.

Raymond Chabot Grant Thornton - image
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Plus particulièrement, nous ne sommes pas confrontés à la stagflation, qui se caractérise par un taux de chômage élevé. Le fait que de nombreux facteurs contradictoires soient en jeu vient compliquer davantage la situation. La surchauffe du marché du travail, la hausse des taux d’intérêt, l’effondrement du marché immobilier et la flambée des prix donnent lieu conjointement à une situation complexe.

Il faut également tenir compte du fait que l’inflation peut avoir des significations différentes pour les diverses industries, et qu’alors que certains secteurs connaissent des difficultés en cette période de turbulences économiques, d’autres sont en plein essor. Étonnamment, certains secteurs d’activité peuvent également subir des incidences variées.

Prenons, par exemple, l’industrie mondiale de l’hôtellerie. Après avoir été durement touchées par la pandémie en raison, notamment, des restrictions liées aux voyages, les chaînes hôtelières assistent à une reprise de leurs activités grâce à l’explosion de la demande. Les tarifs des chambres bondissent, mais le secteur, comme d’autres qui dépendent de la main-d’œuvre, est confronté à un resserrement du marché de l’emploi. Les hôtels voient leurs revenus croître alors que leur structure de coûts, qui repose sur des bâtiments déjà construits, reste essentiellement fixe.

Pour comprendre comment l’inflation peut influencer l’endroit où les Canadiens dépensent leur argent, il suffit de se référer à l’indice des prix à la consommation (IPC).

L’IPC donne une image étonnante de l’ampleur de la hausse du coût de nombreux articles essentiels pour les ménages. Lorsqu’on examine les augmentations annuelles, le coût de l’énergie, du transport et de la nourriture retiennent immédiatement l’attention. Le prix du gaz, en particulier, a grimpé en flèche de plus de 50 % à un certain moment au cours de l’année, avant de se replier.

Bien que les prix du pétrole et du gaz aient chuté récemment, il n’en est pas de même pour les prix d’autres produits essentiels, notamment ceux des produits alimentaires. Malgré la baisse des prix des céréales, il faudra probablement des mois pour remarquer une différence sur les étagères des magasins d’alimentation. En résumé, plus on consacre de sommes aux articles essentiels, moins il reste de fonds disponibles pour les articles discrétionnaires, de sorte que la hausse des prix, conjuguée à l’augmentation des coûts d’emprunt, pourrait entraîner une diminution des revenus des entreprises qui fournissent des biens et services non essentiels.

En dépit de sa réputation de croquemitaine de l’économie, l’inflation n’est pas toujours synonyme de mauvaises nouvelles. En fait, une période d’inflation peut générer des occasions importantes, comme cela a été le cas après le choc initial de la pandémie.

Plan d’action contre l’inflation

Compte tenu de tous ces éléments, quelles mesures devez-vous prendre pour faire face à l’inflation? Il n’est pas facile de déterminer s’il faut réduire l’offre, investir ou prendre un autre type de mesure.

Bien qu’une économie inflationniste comporte beaucoup d’incertitudes, une chose est certaine : il n’existe pas d’approche unique pour faire face à la situation. En réalité, le fait que les stratégies varient fortement est un heureux signe que les entreprises prennent des décisions éclairées en fonction de leur situation spécifique et de leurs objectifs particuliers.

Alors que certains dirigeants peuvent décider de se mettre en retrait en raison de l’incertitude, d’autres peuvent ultimement décider d’adopter une approche plus dynamique. Dans cette optique, nous avons relevé une série de mesures que les entreprises devraient envisager.

Que vous cherchiez à atténuer les pressions inflationnistes ou à explorer des options en vue d’accélérer votre croissance, il existe de nombreuses façons d’atteindre vos objectifs. Non seulement ces mesures peuvent vous aider à surmonter une période d’inflation, mais elles peuvent également permettre à votre entreprise de tirer parti des occasions à saisir et de renforcer sa résilience pour gérer les changements futurs.

Cerner et atténuer les risques d’inflation pour votre entreprise

Vu la complexité d’une économie inflationniste, la compréhension de ses impacts peut représenter la moitié de la bataille. Toute entreprise devrait commencer par comprendre les forces en jeu et les mesures recommandées pour y faire face.

La modélisation et l’analyse financières, l’analyse des données et la planification fiscale, plus particulièrement, peuvent vous aider à mieux comprendre votre entreprise et à découvrir des occasions qui ne sont pas toujours manifestes. Cette première étape peut s’avérer payante en fournissant à votre entreprise les informations dont elle a besoin pour limiter l’augmentation de ses coûts.

Prendre des mesures pour limiter la hausse de coûts externes

Lorsqu’il s’agit de gérer les augmentations de coûts externes, une approche proactive est la meilleure façon de protéger vos résultats. On peut atténuer les effets de l’inflation de diverses manières, notamment en fixant les prix, en effectuant des achats en gros, en négociant les modalités avec les fournisseurs ou en changeant de fournisseurs. Ces simples actions peuvent contribuer à minimiser la hausse des coûts.

Pour les entreprises qui disposent de liquidités, le temps est peut-être venu d’envisager d’effectuer des achats maintenant s’il est prévu qu’un coût particulier continuera d’augmenter.

Mieux comprendre votre vulnérabilité aux pressions inflationnistes croissantes

Alors que les pressions inflationnistes continuent à faire la vie dure aux entreprises, il est essentiel de connaître les zones de vulnérabilité. Dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, des services-conseils comme la modélisation et l’analyse financière, la restructuration et l’analytique des données peuvent vous permettre d’obtenir de précieuses informations.

Par exemple, une prévision des flux de trésorerie peut révéler des problèmes de liquidité potentiels et nécessiter la prise d’un certain nombre de mesures immédiates qui vous aideront à anticiper une crise. Il peut s’agir de discuter de manière proactive des options avec vos partenaires financiers, d’accélérer les encaissements ou de produire des déclarations de TPS/TVH en temps opportun afin d’avoir accès à des liquidités plus rapidement. En bénéficiant d’une solide analyse des points de pression possibles, on peut mieux orienter la prise de décisions stratégiques à court terme et limiter l’exposition au risque.

Savoir ce qu’il en coûte vraiment pour servir vos clients

Vous connaissez peut-être votre entreprise, mais connaissez-vous vos clients? Plus concrètement, savez-vous lesquels augmentent vos marges de profit et lesquels nécessitent plus d’attention de votre part?

La segmentation de la clientèle est un outil sous-employé qui est pourtant d’une grande utilité. Ce degré de précision vous donne accès à un portrait complet de la situation qui favorise la prise de décisions éclairées et stratégiques.

Le calcul des coûts et bénéfices propres à chaque client peut vous aider à mieux gérer votre clientèle afin de prioriser les activités rentables et de vous attaquer à celles qui sont déficitaires.

Revoir votre stratégie tarifaire pour mieux tenir compte de la hausse des coûts

Quand vient le temps de compenser l’augmentation des coûts, la révision de votre stratégie tarifaire reste votre meilleure option. Si une majorité d’entreprises revoyaient auparavant leur barème une fois par an, il pourrait maintenant s’avérer judicieux de le faire une fois par mois.

Étant donné la montée fulgurante du taux d’inflation, c’est la seule sphère où de nombreuses entreprises ont mis en branle des mesures. En effet, une majorité d’entre elles augmentent déjà leurs prix afin d’atteindre leur seuil de rentabilité.

Cette stratégie ne vise pas seulement à s’adapter à l’augmentation des coûts de matériaux et fournisseurs, mais aussi à verser un salaire décent aux employés. En période de pénurie de main-d’œuvre, les entreprises ont besoin d’attirer les meilleurs talents pour poursuivre leurs activités et ce facteur fait partie des hausses de fonctionnement.

Les organisations ont intérêt à bien connaître le coût réel de leur service ou produit offert et à le faire valoir. Il leur faut cependant tenir compte de leur pouvoir d’influence sur la tarification dans leur marché. Il s’agit d’un équilibre délicat. Tenez-en compte lors de l’ajustement de vos prix.

Sous-traiter pour réduire les coûts et pallier la pénurie de main-d’œuvre

L’objectif de la sous-traitance est avant tout de réduire les coûts, mais en contexte inflationniste, elle peut également donner accès à des compétences que la pénurie de main-d’œuvre rend plus rares. Pour ce faire, il vous faut regarder au-delà des frontières et vous ouvrir au travail à distance. Certes, cette formule soulève des questions fiscales et territoriales, mais représente une option viable pour tirer parti d’un nouveau bassin de main-d’œuvre.

Les outils automatisés sont également à envisager. Les solutions de comptabilité infonuagiques, par exemple, peuvent effectuer de nombreuses tâches administratives et comptables qui échoient normalement aux contrôleurs de gestion ou aux responsables des comptes fournisseurs. Non seulement elles contribuent à alléger des processus chronophages, mais elles génèrent des données et analyses bonifiées qui facilitent la prise de décisions en temps réel.

Les problèmes de dotation en personnel viennent s’ajouter à une économie postpandémique déjà complexe à un moment où le taux de roulement élevé met en péril la productivité et la culture du travail. Pour atténuer ces risques en ces temps difficiles, envisagez des façons de sous-traiter davantage afin de maintenir votre compétitivité.

Passer à l’action pour améliorer votre structure financière

Une entreprise de taille moyenne qui s’était rendue compte de la frilosité des institutions financières en période de volatilité, il y a quelques décennies, s’est constitué une importante réserve de liquidités pour avoir la liberté financière dont elle avait besoin, indépendamment de la conjoncture économique. Aujourd’hui, cette même entreprise ne craint ni la hausse des taux d’intérêt ni de voir sa situation scrutée à la loupe par les prêteurs quand elle cherche à acquérir de l’équipement.

Ceci démontre qu’il est bon d’épargner pour les mauvais jours, mais surtout qu’une saine structure financière en période inflationniste donne une plus grande latitude aux entreprises et leur offre davantage de possibilités. Non seulement une situation financière avantageuse vous aide à avoir prise sur les coûts croissants des capitaux, mais elle vous fournit le fonds de roulement dont vous avez besoin pour agir à d’autres égards.

Aussi, il est bon d’être proactif, surtout en période d’inflation. Établir des prévisions de trésorerie ou effectuer un test de résistance pour examiner tous les scénarios possibles peut vous donner une vision claire de la situation et vous permettre d’aller au-devant des difficultés. Un endettement excessif, par exemple, devrait être une priorité immédiate, surtout si vous envisagez de franchir une étape importante comme prendre de l’expansion.

Il vous faut également tenir compte du moment où d’importantes dépenses d’investissement seront engagées. Dans un marché inflationniste, il peut être sage de les repousser à plus tard jusqu’à ce que la situation se stabilise sur le plan des coûts. Cette décision doit toutefois être mise en balance avec les gains d’efficience et d’autres facteurs connexes.

Prendre des mesures pour améliorer l’efficience et les coûts internes ou pour réduire les pertes

Les entreprises ont beau faire tout ce qu’il faut pour gérer les pressions inflationnistes, elles auront du mal à progresser si leurs propres affaires ne sont pas en ordre. Accroître l’efficience interne peut vous donner un coup de pouce en vous permettant d’en faire plus avec moins. L’intégration de technologies de pointe, entre autres, peut stimuler considérablement la productivité en abaissant le coût de revient et en optimisant l’utilisation des ressources humaines. Cette situation peut, en retour, alléger le fardeau sur vos équipes et améliorer la culture d’entreprise.

L’IBR révèle une tendance favorable en ce sens, puisque 53 % des répondants canadiens prévoient d’augmenter leurs investissements technologiques au cours de la prochaine année. Cependant, l’intégration de la technologie pourrait ne pas générer à elle seule les gains d’efficience escomptés.

Ces nouveaux investissements doivent être jumelés à des stratégies destinées à améliorer vos processus internes. Une fois ceux-ci optimisés, la technologie pourra venir se greffer à votre stratégie pour vous permettre d’aller plus loin. La bonne nouvelle, c’est que les mesures que vous prenez pour gagner en efficience peuvent aussi entraîner une réduction des pertes, ce qui aura un impact positif sur la rentabilité de l’organisation, mais aussi sur l’environnement.

Céder un actif et abandonner les activités peu performantes de l’entreprise

Si vous avez besoin de liquidités, il peut être avisé de vous départir d’un actif superflu. En abandonnant des activités peu performantes, vous pourrez vous concentrer sur d’autres plus rentables. Certes, une économie inflationniste peut être un bon moment pour faire preuve d’audace, mais ce processus peut s’avérer complexe. De la planification initiale à la mise en œuvre définitive, les étapes à franchir sont nombreuses pour assurer une issue fructueuse. Et il en va de même quand on vend son entreprise.

Tout commence par une bonne planification : vous devez établir vos objectifs, connaître la valeur de votre entreprise et rendre votre offre sur le marché aussi attrayante que possible. Le fait d’être bien conseillé à toutes les étapes du processus vous permettra d’avoir l’esprit tranquille et de manifester votre confiance en l’avenir de votre entreprise – ce qui contribuera à la réussite de votre projet.

Prochaine étape : envisager l’avenir

Alors, quel est le plan d’action à partir de maintenant? Jusqu’à ce que l’inflation retrouve les niveaux d’avant la pandémie, tous les regards seront rivés sur la situation mondiale, notamment sur les tensions géopolitiques, l’évolution de la pandémie, les problèmes d’approvisionnement et les contraintes de main-d’œuvre.

La politique monétaire va continuer à jouer son rôle pour réduire les pressions inflationnistes. Mais en attendant, les chefs d’entreprise devront gérer activement les répercussions sur leur situation particulière, considérer les moyens d’action à leur disposition et faire preuve de sens stratégique dans les démarches qu’ils entreprennent.

Cela dit, les mesures décisives à court terme devraient toujours être soupesées en regard de vos objectifs à long terme. Avant de passer à l’action dans l’immédiat, songez à procéder à un bilan de santé global tenant compte des objectifs de vie de votre entreprise.

Il est clair qu’il faut accélérer les progrès vers une meilleure gestion des pressions inflationnistes. Mais il subsiste des questions quant à la meilleure marche à suivre. Nos experts sont là pour vous aider. Forts de notre gamme étendue de services et de notre vaste expérience d’accompagnement auprès des clients en période d’incertitude, nous savons à quel point les pressions inflationnistes ont eu des répercussions profondes sur les entreprises.

Agir pour braver la tempête inflationniste et même prospérer pendant cette période n’est pas facile, mais nous pouvons vous aider à trouver la meilleure voie à suivre. Quels que soient vos objectifs, nous sommes là pour vous accompagner à chaque pas.

Cet article est adapté du document de Grant Thornton Canada.

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Vous désirez réduire vos impôts à payer? Une bonne planification fiscale doit normalement s’effectuer tout au long de l’année. Toutefois, il est encore temps de mettre en place certaines stratégies qui vous permettront de réduire votre facture d’impôts. Par ailleurs, certaines mesures qui entreront en vigueur à compter de 2024 pourraient être prises en considération.

Nous vous proposons ici quelques idées simples et efficaces à mettre en place d’ici la fin de l’année 2023 ou au début de 2024. N’hésitez pas à discuter avec votre conseiller de Raymond Chabot Grant Thornton pour déterminer les mesures qui s’appliquent à votre situation.

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