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Avis d'experts

Loi 25: adoptez un plan d’action concret au-delà de vos politiques

Loi 25 | Cartographie et plan d'action

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Publié le 16 mai 2025

Pour se conformer aux lois en vigueur, votre organisation doit se doter d’une cartographie des données personnelles, à la base de la protection des renseignements personnels.

En effet, la cartographie des activités de traitement est indispensable, même pour les organisations qui disposent déjà de politiques de confidentialité, de protection des renseignements personnels et de sécurité.

Elle s’impose à toute organisation qui doit démontrer sa conformité aux lois provinciales et fédérales canadiennes, ainsi qu’aux lois européennes et américaines.

Un système de cartographie permettra à votre organisation de connaître, de documenter et d’encadrer les faits qui sont à la base de ses obligations légales. En l’absence de cartographie, l’analyse juridique repose sur des hypothèses, et la conformité devient illusoire.

Pas seulement pour la Loi 25

De nombreuses lois viennent encadrer la protection des renseignements personnels. Au Québec, la Loi 25 est entrée en vigueur récemment, mais d’autres lois existent auxquelles votre organisation doit se conformer.

La cartographie est la première étape pour vous permettre de satisfaire aux obligations de transparence et de responsabilisation. Elle est une condition préalable à la réalisation d’une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée (ÉFVP). Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) impose, dans certaines circonstances, un registre des activités de traitement, fondement du principe de responsabilisation et préalable à toute analyse d’impact.

Cependant, la cartographie des activités de traitement n’est pas seulement une obligation exclusive du RGPD ou de la Loi 25. Elle est également justifiée au regard d’autres lois. Nous vous en présentons quelques-unes.

Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE)

Cette loi fédérale canadienne impose le principe de responsabilisation, de transparence et de droit d’accès. Sans cartographie, une organisation ne peut démontrer comment elle gère, sécurise et communique les renseignements personnels.

Lois sur la protection des renseignements personnels de l’Alberta et de la Colombie-Britannique

La Personal Information Protection Act (PIPA), loi albertaine, et la Personal Information Protection Act (PIPA-BC), loi de la Colombie-Britannique, imposent des obligations de raisonnabilité et de responsabilité. L’organisation doit documenter les finalités, les moyens et les mesures de protection en lien avec chaque traitement. Une cartographie est nécessaire pour respecter cette obligation de transparence effective.

Lois sur la protection des renseignements de santé en Ontario et au Québec

En Ontario et au Québec, les lois sur la protection des renseignements de santé imposent des exigences strictes quant à la conservation, l’accès, la sécurité et le consentement. Les dépositaires de renseignements de santé doivent cartographier leurs traitements afin de respecter les règles applicables aux dossiers médicaux, aux flux transfrontaliers et à l’information fournie aux patients.

Bref, dans toutes les provinces, les lois sur l’accès à l’information et la protection des renseignements personnels dans le secteur public imposent des obligations similaires de documentation, de minimisation et de sécurité.

Protection des données sensibles, une exigence de vos partenaires

Toute organisation traitant des données sensibles (santé, justice, enfance) doit effectuer une cartographie complète pour lui permettre de répondre aux exigences de diligence, de consentement et de conservation. Sans cartographie, une organisation risque de ne pas être en mesure de respecter son obligation de transparence effective.

Mais ne vous méprenez pas. Cette obligation n’est pas seulement imposée par les autorités de contrôle réglementaire (comme la Commission d’accès à l’information ou le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada).

Ces obligations peuvent aussi être demandées contractuellement par les organisations avec qui vous faites des affaires, qui assurent vos risques opérationnels et votre responsabilité, qui vous prêtent de l’argent et qui éventuellement pourraient devenir l’acheteur de votre entreprise.

La cartographie et l’analyse d’écarts (Gap Analysis)

L’analyse d’écarts consiste à mesurer les écarts entre les pratiques actuelles de traitement des données de votre organisation et les exigences légales et organisationnelles. Une telle analyse ne peut se faire sans un inventaire précis des activités de traitements.

Sans cartographie:

  • Impossible d’identifier les traitements réels.
  • Les analyses sont spéculatives.
  • Les recommandations sont génériques et inopérables.

Avec cartographie:

  • Chaque activité de traitement devient une unité d’analyse autonome.
  • On peut qualifier le fondement juridique de la collecte, documenter les fins de celle-ci, et vérifier l’usage, la communication, la sécurité, la durée de conservation, les transferts et la proportionnalité des renseignements personnels, etc.
  • On établit des constats précis, factuellement défendables.

De la vision au plan d’action: la cartographie et le plan de remédiation

Le plan de remédiation organise et priorise les actions pour identifier les vulnérabilités et limiter les risques.

Il prend appui sur les résultats de l’analyse d’écarts. La cartographie permet de structurer ce plan selon une logique opérationnelle:

  • Organise les écarts par traitement, processus ou département;
  • Associe chaque traitement à un responsable opérationnel;
  • Priorise les correctifs en fonction du risque (volume, sensibilité, tiers concernés);
  • Facilite la reddition de compte (indicateurs de performances (KPI), tableaux de bord, audits internes).

La cartographie transforme une vision abstraite en plan d’action concret, mesurable et défendable juridiquement.

Pourquoi les politiques ne remplacent pas la cartographie

Les politiques définissent des intentions. La cartographie documente les faits.

Une politique bien rédigée, sans cartographie sous-jacente, ne prouve pas la conformité effective des traitements. Sans cartographie, les politiques risquent d’être jugées inapplicables, décoratives, voire trompeuses.

Seule la cartographie permet de relier les engagements formels aux opérations concrètes. Elle constitue le seul moyen fiable d’auditer, de vérifier et de démontrer la conformité réelle. En cas d’enquête ou d’incident, l’absence de cartographie est souvent perçue comme un facteur aggravant.

La cartographie comme fondement de la sécurité de l’information

On ne peut pas protéger ce qu’on ne connaît pas.

La cartographie est l’acte fondateur de toute posture de sécurité, car elle permet:

  • de localiser les données sensibles;
  • d’identifier les systèmes ou services vulnérables (SaaS, CRM, accès non contrôlés);
  • de repérer les flux non autorisés ou à risque;
  • de mettre en place des contrôles ciblés, proportionnés et économiques.

Elle s’aligne sur le modèle Data Security Posture Management (DSPM):

  1. Know Your Data: savoir où sont les données critiques et sensibles.
  2. Reduce Data Risk: minimiser les données conservées inutilement.
  3. Automate Compliance: piloter les règles de conservation, de suppression, de traitement conforme.

Les conséquences économiques d’une absence de cartographie

Les incidents de sécurité sont fréquents et coûteux. Sans cartographie, donc sans visibilité sur vos données, les mesures de sécurité sont mal ciblées et inefficaces.

  • Le coût moyen d’une fuite dans une PME est estimé à 150 $ par dossier exposé (IBM, Cost of a Data Breach Report, 2024).
  • Une exposition de 500 dossiers représente un risque de 75 000 $.
  • À cela s’ajoutent les coûts de notification, de gestion de crise, de réputation, de litige, et de sanctions administratives.

La cartographie permet de réduire la surface d’attaque, de limiter les données à protéger, et donc de diminuer les risques et les coûts associés.

La cartographie des activités de traitement n’est pas une étape facultative: elle est le fondement de toute conformité juridique crédible, de toute gouvernance informationnelle sérieuse, et de toute stratégie de sécurité durable.

La cartographie des activités de traitement est bien plus qu’un exercice bureaucratique. C’est:

  • Une exigence juridique implicite ou explicite dans toutes les lois canadiennes et internationales pertinentes;
  • Un levier stratégique de gouvernance, de sécurité et de conformité;
  • Un outil de réduction des coûts et de défense en cas d’incident.

Elle permet de transformer des principes abstraits en actions concrètes, mesurables et prioritaires.

Votre partenaire stratégique pour une cartographie défendable

C’est pourquoi nous en faisons le point de départ de toute mission de conformité. Seule une approche fondée sur la preuve, la rigueur et l’interdisciplinarité permet de construire une conformité durable et stratégique.

Notre équipe agit à l’intersection du droit et de la cybersécurité. Notre méthodologie vous permet de cartographier les traitements de façon rigoureuse, de produire des analyses de risques défendables et de transformer cette connaissance en plan d’action juridique, opérationnel et stratégique.

Comme dirigeant, vous aurez ainsi les outils pour bien gérer les données, protéger les droits et répondre aux exigences réglementaires avec efficacité et crédibilité.

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