Frédéric Gagné
Associé | CPA, M.Fisc | Fiscalité

Mis à jour le 10 mai 2023

Poussées par le contexte économique actuel, de plus en plus d’entreprises se lancent dans le commerce en ligne. Quelles sont leurs obligations en matière de taxes?

Il est très important pour les organisations de comprendre l’impact de la vente dans certains territoires. Nous allons survoler ensemble l’application des taxes à la consommation pour les ventes de biens meubles corporels au Canada ainsi qu’aux États-Unis dans un contexte de commerce électronique.

Il est à noter que des ventes effectuées en Europe pourraient également entraîner des implications en matière de taxes sur la valeur ajoutée européenne.

Détermination du territoire de taxation

Dans le contexte du commerce en ligne, il est primordial de déterminer quel est le lieu de la transaction, c’est-à-dire dans quel territoire la vente est réputée être effectuée, pour savoir quelles sont les taxes à la consommation qui pourraient être applicables. Il ne faut pas oublier que les règles peuvent être différentes si la fourniture concerne un bien meuble corporel ou un bien meuble incorporel. Il est donc indispensable de bien qualifier la nature de la fourniture.

Lieu de fourniture – biens meubles corporels

En règle générale, la fourniture par vente d’un bien meuble corporel est réputée effectuée à l’endroit où le bien est livré à l’acquéreur ou mis à sa disposition.

Cette règle s’applique généralement dépendamment de l’endroit où la livraison légale des produits à l’acquéreur a lieu, laquelle est déterminée selon les modalités de la convention applicable portant sur la vente des produits.

Dans le contexte du commerce électronique, le vendeur s’occupant de la livraison dans la majorité des cas, les taxes applicables seront déterminées en fonction de l’adresse de livraison. Il est donc primordial pour les entreprises effectuant des ventes en ligne de tenir un registre des ventes en fonction des adresses de livraison.

Transactions à l’intérieur du Canada

Dans un contexte de commerce en ligne à l’intérieur du Canada, il faut garder en tête les différentes taxes applicables dans les provinces.

D’abord, toute personne qui exploite une entreprise au Canada et qui n’est pas un petit fournisseur sera tenue de percevoir la taxe sur les produits et services (ci-après « TPS ») sur toutes ses ventes réalisées au Canada.

Ensuite, selon la province dans laquelle la livraison est effectuée, il faut établir quelle taxe de vente provinciale est applicable à la transaction. Cependant, il est à noter que seule la TPS est applicable dans les provinces et territoires suivants :

  • Alberta,
  • Nunavut,
  • Territoires du Nord-Ouest,
  • Yukon.

Fourniture effectuée au Québec

Pour ce qui est des ventes effectuées au Québec, une société qui est tenue d’être inscrite aux fichiers de la taxe de vente du Québec (ci-après « TVQ ») devra percevoir la TPS et la TVQ sur toutes les transactions où le bien est livré au Québec.

Assujettissement à la taxe de vente provinciale

Certaines provinces ont harmonisé leur taxe de vente provinciale (ci-après « TVP ») à la TPS. Par conséquent, ces provinces ont mis en place la taxe de vente harmonisée (ci-après « TVH »), qui regroupe la TPS et la TVP. La TVH s’applique aux fournitures taxables de produits effectuées dans les provinces suivantes :

  • Île-du-Prince-Édouard,
  • Nouveau-Brunswick,
  • Nouvelle-Écosse,
  • Ontario,
  • Terre-Neuve-et-Labrador.

La TVH étant une taxe de vente harmonisée, les entreprises inscrites au fichier de la TPS sont automatiquement inscrites à celui de la TVH. Celles-ci doivent donc percevoir et remettre la TVH lorsqu’elles effectuent des fournitures taxables (à l’exclusion des fournitures détaxées) dans les provinces mentionnées précédemment.

Attention : la TVH n’est pas à un taux uniforme et oscille entre 13 % et 15 % selon la province concernée.

Assujettissement à la TVP

En ce qui concerne les autres provinces canadiennes, c’est-à-dire la Colombie-Britannique, le Manitoba et la Saskatchewan, celles-ci ont toujours une TVP en vigueur. Il est à noter que la TVP dans ces provinces est un régime bien différent de celui de la TPS. Il est donc important de vérifier si les fournitures effectuées dans ces provinces sont assujetties à la TVP ou s’il s’agit de fournitures exemptées.

Si les fournitures effectuées dans ces provinces sont taxables, il faudra par la suite déterminer si, à titre de non-résident de la province, le fournisseur est tenu de s’inscrire et de percevoir la TVP sur ses fournitures effectuées dans la province.

Transactions aux États-Unis

Bon nombre d’entreprises canadiennes sont maintenant tentées d’offrir leurs produits aux États-Unis afin d’élargir leur marché grâce à un site de ventes en ligne. Il est donc pertinent pour ces entreprises d’être au courant et de tenir compte des différentes obligations en matière de taxes de vente américaines que les ventes en ligne pourraient entrainer.

Une société est obligée de s’inscrire et de percevoir la taxe de vente américaine sur ses ventes taxables lorsque la société a une présence physique suffisante (ci-après « Nexus »). Jusqu’à tout récemment, un Nexus était créé si l’entreprise maintenait une présence physique permanente ou temporaire dans un État par le biais d’une personne sollicitant des ventes (employés ou représentants indépendants) ou par la présence de biens (stocks, bureaux, entrepôts).

En juin 2018, la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire South Dakota V. Wayfair a statué qu’un État pouvait également introduire le concept de Nexus économique. Ainsi, ce type de Nexus oblige maintenant une compagnie n’ayant pas de présence physique dans un État à s’inscrire à la taxe de vente de l’État si le volume de ses ventes dans l’État excède un certain seuil.

À ce jour, tous les États ayant un régime de taxe de vente en place ont adopté le concept de Nexus économique. En fonction de ces nouvelles règles, il devient primordial pour une entreprise non résidente qui effectue des ventes aux États-Unis de se soucier de ce concept de Nexus économique.

Une entreprise qui fait du commerce électronique doit donc suivre la progression de ses activités dans chaque État afin de s’assurer d’y respecter toutes ses obligations en matière de taxes de vente.

En conclusion, il est vrai que les possibilités de croissance qu’offre le commerce électronique sont attrayantes pour les entreprises, mais il est important pour ces entreprises de ne pas négliger l’application des taxes à la consommation.

En effet, bon nombre d’entreprises qui se lancent dans l’aventure du commerce électronique ignorent qu’elles pourraient être dans l’obligation de percevoir les taxes de vente applicables dans le pays, la province ou l’État où résident leurs clients et de les remettre aux autorités compétentes. Les entreprises doivent donc être proactives et se questionner davantage sur leurs obligations fiscales en matière de taxes de vente.

Notre équipe de spécialistes peut vous aider en offrant un accompagnement personnalisé.

24 Mar 2022  |  Écrit par :

Frédéric Gagné est expert en fiscalité au sein de Raymond Chabot Grant Thornton. Communiquez...

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Le ministre des Finances du Nouveau-Brunswick, Ernie Steeves, a déposé son budget le 22 mars 2022.

Ce quatrième budget du gouvernement majoritaire dirigé par Blaine Higgs n’inclut aucune modification aux taux d’imposition des particuliers et des sociétés. La hausse proposée du montant personnel de base et du seuil de réduction pour les personnes à faible revenu entraînera toutefois des économies d’impôt pour les personnes à faible revenu, en 2022.

Le budget propose de plus une réduction de l’impôt foncier et une augmentation de la taxe sur le carbone.

Voici notre bulletin qui présente un bref résumé de ces mesures fiscales annoncées dans ce budget.

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Budget du Québec 2022-2023 : injection d’argent neuf dans plusieurs secteurs et aide pour diminuer la pression inflationniste.

Le quatrième et dernier budget du gouvernement de M. François Legault avant l’élection générale automnale ratisse très largement. Santé, éducation, tourisme, culture, développement régional, environnement, communautaire, on trouve de tout ou presque dans ce budget, qui injecte de plus une somme de 3,2 G$ pour permettre à 6,4 millions d’adultes québécois ayant un revenu de 100 000 $ ou moins de bénéficier d’un chèque de 500 $ pour faire face à la pression inflationniste.

La santé des finances publiques du Québec est au rendez-vous. En 2022-2023, le solde budgétaire serait déficitaire de 6,5 G$, après un versement de 3,9 G$ au Fonds des générations. Le cadre financier prévoit une provision pour risques économiques et autres mesures de soutien et de relance de 2,5 G$ en 2022-2023 et de 1,5 G$ par année à compter de 2023-2024. Le retour à l’équilibre budgétaire est toujours prévu en 2027-­2028, mais force est de reconnaître qu’il serait atteint dès 2023-2024, au sens comptable (excluant le versement au Fonds des générations). Il est à noter que les revenus atteindraient 138,5 G$ en 2022-2023, avec une croissance de 2,2 %. Les dépenses, quant à elles, s’élèveraient à 136,6 G$ en 2022-2023, avec une croissance de 4,8 %.

En plus de soutenir massivement les grands secteurs, comme la santé (9 G$ sur cinq ans), l’éducation (2,8 G$ sur cinq ans), le tourisme (304 M$ sur six ans), le développement économique régional, la culture ou encore l’environnement (avec entre autres 1 G$ de plus en investissement pour le nouveau Plan de mise en œuvre 2022-2027 du Plan pour une économie verte 2030), le présent budget vise à appuyer les entreprises et la croissance économique par des initiatives totalisant près de 4,2 G$ d’ici 2026-2027. Il prévoit ainsi notamment :

  • 1,3 G$ additionnels sur cinq ans pour la mise en place de la nouvelle Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation;
  • 110 M$ additionnels sur trois ans pour renouveler la Stratégie québécoise des sciences de la vie;
  • 156 M$ pour aider les entreprises du Québec à stimuler leurs investissements en nouvelles technologies en prolongeant d’une année la bonification du crédit d’impôt à l’investissement et à l’innovation (C3i);
  • 1,5 G$ sur six ans pour appuyer le développement des régions en contribuant à leur prospérité, en favorisant le développement du secteur forestier et la protection du capital faunique et en préparant le secteur du tourisme à la relance;
  • 255 M$ sur cinq ans pour poursuivre l’appui au transport aérien régional en favorisant l’établissement de dessertes régionales accessibles;
  • 290 M$ sur cinq ans pour renforcer l’intégration en emploi des personnes immigrantes;
  • 627 M$ sur cinq ans pour soutenir l’essor du secteur bioalimentaire;
  • 257 M$ sur cinq ans pour soutenir la relance et valoriser la culture québécoise et son milieu.

Il est à noter également que le budget accorde un soutien de 2,2 G$ pour renforcer l’action communautaire et mettre en place des mesures pour soutenir les collectivités. Pour des économies régionales vigoureuses, force est de reconnaître l’apport important des organismes communautaires comme levier de croissance et, certes, d’inclusion sociale.

Afin d’assurer une meilleure équité fiscale, le gouvernement entend actualiser son offre de services numériques, notamment en démarrant le projet VISION à Revenu Québec. Ce projet a pour objectif de transformer la prestation de services aux particuliers et aux entreprises en instaurant un modèle d’administration fiscale simplifié, numérique et plus efficient. Le gouvernement prévoit également consacrer 1 M$ annuellement dès 2022-­2023 afin de lutter contre les pratiques illégales et abusives dans le secteur des cryptoactifs sur les marchés financiers.

Pour en savoir plus sur les mesures fiscales annoncées dans le budget 2022-2023, téléchargez le bulletin fiscal ci-dessous.

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L’équipe IFRS de Grant Thornton International a publié le document Accounting Implications of the Conflict in Ukraine (en anglais seulement).

En raison du conflit en cours en Ukraine, notamment l’adoption de vastes sanctions contre certaines sociétés et personnes russes, les entités doivent évaluer soigneusement les répercussions comptables découlant de cette situation.

Le document aborde l’incidence du conflit sur la présentation de l’information financière au 31 décembre 2021 et pour les exercices ultérieurs, et indique l’importance d’évaluer la continuité de l’exploitation.

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