Stéphane Lauzon
Associé | CPA, M. Fisc. | Fiscalité

Qu’elle soit en bitcoin ou une autre monnaie virtuelle au Canada, la cryptomonnaie est considérée comme étant un actif ou un bien et non une monnaie.

La cryptomonnaie est de plus en plus utilisée pour faire l’achat de biens et de services, de même que pour effectuer de la spéculation ou des investissements à plus long terme.

Malgré le fait que plusieurs rumeurs persistent quant au fait que les opérations effectuées avec de la cryptomonnaie ne sont pas imposables, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a été très claire à ce sujet et tout porte à croire qu’elle en fera son cheval de bataille dans les années à venir.

L’imposition de la cryptomonnaie selon l’ARC

C’est le 23 décembre 2013 que l’ARC s’est officiellement prononcée pour la première fois à propos du bitcoin. L’ARC indique qu’elle ne considère pas la monnaie virtuelle comme une monnaie émise par un gouvernement d’un pays, comme le dollar américain par exemple. Selon elle, la cryptomonnaie devrait plutôt être traitée comme un bien en ce qui concerne la Loi de l’impôt sur le revenu (LIR).

Dans le cas où un contribuable échange des biens ou des services contre des marchandises (cryptomonnaie), c’est la valeur de ces biens ou de ces services qui doit être incluse comme revenu. Pour le contribuable qui dispose de sa cryptomonnaie en échange du bien ou du service, celui-ci pourrait aussi devoir s’imposer sur la plus-value réalisée sur sa cryptomonnaie selon la nature de la transaction.

Par exemple, si un contribuable a acheté un bitcoin 1 $ et qu’il l’échange ultérieurement pour payer les services de son comptable d’une valeur de 100 $, celui-ci devra s’imposer sur un gain d’un montant de 99 $.

De même, une personne qui transige de la cryptomonnaie en spéculant sur sa valeur devra s’imposer selon la nature de la transaction (c’est-à-dire soit à titre de revenu d’entreprise ou de gain en capital).

Il est important de déterminer la nature des transactions puisque cela aura un impact direct sur l’impôt sur le revenu. Le gain sur une transaction de type « revenu d’entreprise » est imposable à 100 %, alors qu’un gain sur une transaction de type « capital » est plutôt imposable à 50 %. Le contraire est aussi vrai lorsqu’un contribuable réalise une perte. En effet, une perte sur une transaction de type « revenu d’entreprise » peut être déduite à 100 % à l’encontre de n’importe quelle catégorie de revenus (par exemple, un revenu d’emploi). Pour sa part, une perte de type « capital » est uniquement déductible à 50 % à l’encontre d’un gain en capital.

La cryptomonnaie est un actif

À l’instar des États-Unis, de l’Australie et des Pays-Bas, l’ARC a décidé de considérer la cryptomonnaie comme étant un actif ou un bien et non une monnaie. D’autres pays comme l’Allemagne ou Singapour ont plutôt opté pour considérer la cryptomonnaie comme étant n’importe quel type de monnaie.

Il est possible que l’ARC fasse preuve de souplesse dans le futur afin de s’adapter aux réalités économiques des nouveaux marchés. Toutefois, rien ne porte à croire que ce changement se fera dans un avenir rapproché.

Pourquoi devrais-je m’imposer? L’ARC ne peut pas me retrouver. Le régime fiscal canadien est fondé sur le principe de l’autocotisation. En tant que résident fiscal du Canada, vous êtes tenu par la loi de déterminer le montant d’impôt que vous devez payer et vous avez l’obligation de produire une déclaration de revenus.

En tant que spécialistes en fiscalité de la cryptomonnaie, nous rencontrons régulièrement des particuliers et des entreprises et nombreux sont ceux qui doutent que l’ARC s’intéresse à eux. Ils préfèrent ne pas s’imposer sur leurs revenus. Toutefois, nous sommes plutôt d’avis contraire, car tous les faits montrent sans aucun doute que l’ARC s’intéresse de près à cette nouvelle technologie.

À ce titre, nous vous recommandons fortement de déclarer vos cryptomonnaies, au risque de vous retrouver dans le collimateur de l’ARC, d’autant plus que cette dernière peut remonter en arrière aussi loin que possible lorsque des revenus n’ont pas été déclarés volontairement.

Nos experts au sein de Raymond Chabot Grant Thornton et Catallaxy sont à votre service pour répondre à vos questions et vous aider à faire les bons choix.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Marc-Antoine Laurin.

22 Fév 2019  |  Écrit par :

Stéphane Lauzon est expert en fiscalité au sein de Raymond Chabot Grant Thornton. Communiquez avec...

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Alerte de votre conseiller – Février 2019

L’équipe IFRS de Grant Thornton International a publié le bulletin Insights into IFRS 16 – Sale and leaseback accounting (en anglais seulement).

Le plus récent bulletin Insights into IFRS 16 donne des indications sur la comptabilisation des transactions de cession-bail.

IFRS 16 apporte des changements importants à la comptabilisation des transactions de cession-bail.

Une transaction de cession-bail est un moyen populaire qui permet aux entités d’obtenir un financement à long terme provenant d’immobilisations corporelles importantes, comme des terrains et des bâtiments. Il s’agit d’une transaction dans le cadre de laquelle une entité (le « vendeur-preneur ») cède un bien à une autre entité (l’« acheteur-bailleur ») moyennant une contrepartie, puis le reprend en location de l’acheteur-bailleur.

Comme IFRS 16 a retiré les concepts de contrats de location simple et de contrats de location-financement de la comptabilisation par le preneur, les dispositions comptables que le vendeur-preneur doit appliquer à une transaction de cession-bail sont plus simples.

Téléchargez le bulletin ci-dessous qui explique les nouveaux concepts et présente un exemple simplifié des dispositions.

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Alerte de votre conseiller – Février 2019

L’équipe IFRS de Grant Thornton International a publié le bulletin Insights into IFRS 16 – Transition choices (en anglais seulement).

La série Insights into IFRS 16 fournit des informations sur l’application d’IFRS 16, Contrats de location, dans des domaines clés.

Chaque édition mettra l’accent sur un aspect d’IFRS 16 afin de vous aider à vous préparer aux changements apportés par l’adoption de la norme.

Le bulletin Insights into IFRS 16 – Transition choices donne des indications sur la transition à IFRS 16.

Téléchargez le document ci-dessous.

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Pierre Fortin
Associé | CPA | Conseil en management

Une municipalité a avantage à mobiliser ses ressources vers les projets répondant le mieux aux besoins et aux attentes de ses citoyens.

Cependant, la gestion des priorités en milieu municipal est complexe. Maintenant reconnues comme des gouvernements de proximité, les municipalités ont un rôle qui dépasse celui de la gestion des infrastructures et de l’aménagement du territoire, et qui comprend des responsabilités accrues en matière de développement économique, social et culturel, et de protection et mise en valeur des milieux naturels. De plus, elles doivent composer avec un nombre croissant de parties prenantes dont les attentes sont souvent divergentes.

Étant donné la diversité des champs d’intervention et une marge de manœuvre financière limitée, les élus doivent régulièrement faire l’arbitrage entre des projets difficilement comparables mais tous considérés importants. Comment s’y prendre?

Les orientations stratégiques : la base d’une gestion performante

Elles sont issues d’une démarche de planification structurée, dite stratégique, en quatre étapes :

1. Analyser l’environnement interne et externe

Le premier pas à franchir est la réalisation d’une analyse des forces et des faiblesses de l’organisation ainsi que des possibilités et des menaces de l’environnement externe. De ces analyses découlent les grands enjeux auxquels la municipalité devra faire face durant les années à venir.

2. Consulter les citoyens

Les élus auront ensuite tout en main pour consulter les citoyens à propos de leurs préoccupations et de leur vision de l’avenir de leur municipalité. Ces consultations doivent être mobilisatrices et servir de catalyseur à l’établissement d’une vision commune.

3. Adopter une vision claire

La vision adoptée par les élus et les citoyens devient un outil puissant de mobilisation et oriente l’organisation vers des objectifs à long terme.

4. Préciser les orientations stratégiques

Elles constitueront la base de votre processus de priorisation.

Les orientations stratégiques balisent le déploiement à court et à moyen termes des actions face aux enjeux, établissent les grands chantiers et communiquent les intentions prioritaires du conseil municipal. Elles dirigent l’action municipale vers les domaines d’intervention où la municipalité veut concentrer ses efforts durant les trois à cinq années à venir.

S’appuyer sur des orientations stratégiques claires prend toute son importance lorsque l’on considère leur effet positif sur la performance organisationnelle. Puisqu’elles sont le lien entre la vision à long terme et la mise en œuvre (stratégies et plans opérationnels), elles assurent l’arrimage entre la volonté du conseil municipal et les capacités organisationnelles ainsi que la cohérence entre les différents volets de l’action municipale.

Leur rôle est primordial durant le processus budgétaire alors que le conseil municipal doit faire l’arbitrage entre les différents projets qui lui sont présentés. Les orientations stratégiques servent alors de cadre à la prise de décisions quant aux priorités annuelles d’allocation des ressources.

11 Fév 2019  |  Écrit par :

Pierre Fortin est associé au sein de Raymond Chabot Grant Thornton. Il est votre expert en conseil...

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