À quoi ressemble le leadership au féminin en entreprise aujourd’hui? En voici un aperçu à travers des parcours hors du commun de dirigeantes qui impressionnent et donnent envie de se dépasser.

Même si elles ont des expériences différentes, Nathaly April, présidente-directrice générale d’April Super Flo, Karine Bourque, associée et directrice générale de Ronam Constructions, Annie Gauthier, franchisée d’une Rôtisserie St-Hubert, Suzie Talbot, présidente et fondatrice de Diex Recherche, et Virginie Théberge, co-propriétaire et directrice générale chez Gagnon Frères, s’entendent pour dire que ce qui leur a permis d’accéder à leur poste actuel, c’est entre autres leur esprit de collaboration… et une bonne dose d’audace!

Elles ont appris à bien s’entourer et à se laisser inspirer par les gens autour d’elles. Elles ont osé être elles-mêmes. Elles n’ont pas hésité à demander des conseils pour continuer à avancer, et elles ont choisi de voir les obstacles comme des défis.

Grâce à des femmes comme elles, une nouvelle pratique émerge : un leadership multidimensionnel, où la flexibilité et l’approche participative prédominent, mais où l’affirmation de soi et l’autodétermination occupent aussi une part importante.

Voici les portraits de cinq dirigeantes et entrepreneures œuvrant dans des secteurs différents et provenant des quatre coins du Québec. Elles ont en commun le fait d’être passionnées, inspirantes, ambitieuses. Elles ont envie de faire avancer les choses. Et elles réussissent!

Nathaly April

Présidente-directrice générale
April Super Flo
L’Isle-Verte

Nathaly April est présidente-directrice générale d’April Super Flo. Pourtant, au départ, elle ne se voyait pas prendre la relève de son père quand est venu le temps de choisir une carrière. L’entreprise familiale, fondée en 1980, est le manufacturier indépendant de lubrifiants le plus important dans l’est du Canada, fabriquant plus de 250 produits et exportant dans 14 pays.

Elle s’est plutôt tournée vers la chiropractie et a pratiqué son métier une douzaine d’années. Puis, en 2002, elle a décidé de reprendre le flambeau que lui tendait son père et s’est jointe à l’entreprise familiale. Travailler dans un milieu d’hommes ne lui fait pas peur : « Quand j’ai fait mes études en chiropractie, en 1987, on était seulement 25 femmes sur 150 étudiants. C’est la même chose dans le milieu pétrolier. C’est vraiment un boys club, mais ça ne m’a jamais intimidée. Et j’ai eu la chance de croiser des personnes, des femmes dans ce milieu qui m’ont accueillie, qui m’ont conseillée. »

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Très tôt, sa mère lui a inculqué l’importance d’être indépendante. Son père lui a appris à foncer. « Il me disait toujours : quand une porte est fermée, tu l’ouvres! Je tiens de lui sa détermination, et j’ai aussi hérité du côté empathique de ma mère. Ça résume un peu mon style de leadership. »

« J’ai de grandes ambitions pour la compagnie et j’ai besoin de mon équipe pour y arriver, poursuit-elle. On doit continuer à diversifier notre offre pour tirer notre épingle du jeu dans un marché mature comme celui du pétrole. Et on veut devenir la référence au Canada en tant que manufacturier indépendant et distributeur de lubrifiants industriels et de produits d’entretien automobile. Pour ça, il faut de la drive! Je n’en manque pas! Je suis une intense, et j’ai fait la paix avec ça, confie-t-elle en riant. J’assume totalement mon ambition… tant que mes employés sont heureux! »

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Karine Bourque

Directrice générale et associée
Ronam Constructions
Lévis

Karine Bourque est directrice générale de Ronam Constructions depuis 2019. Après des études en architecture au cégep, elle a travaillé trois mois dans une firme à faire du dessin. « Je me suis vite aperçue que j’avais besoin d’être davantage dans le feu de l’action! » dit-elle en riant. Elle est donc devenue chargée de projets pour une entreprise en construction à Montréal.

En 2005, quand elle a emménagé à Lévis, elle a frappé à la porte de Ronam Constructions, qui possède une expertise reconnue dans les projets commerciaux, industriels, résidentiels et institutionnels, et a obtenu un poste d’estimatrice. « Ensuite, j’ai gravi les échelons, explique-t-elle. Ça fait bientôt presque deux ans que je suis directrice générale et je suis comme un poisson dans l’eau. J’adore ça! » s’exclame-t-elle avec enthousiasme. Elle est également devenue l’une des actionnaires depuis quelques années.

L’entreprise, fondée en 1990 par Jacques Laflamme, et qui compte maintenant, avec elle, cinq associés, a connu dans les dernières années une croissance exceptionnelle. Elle emploie plus de 60 personnes et son chiffre d’affaires annuel s’élève désormais à 75 M$.

« J’ai beaucoup observé Jacques, ses habitudes, ses méthodes, son savoir-être. Je suis évidemment différente, mais il m’a influencée et inspirée. À mon tour, je souhaite aussi inspirer mon équipe, lui montrer que tout est possible. » Une des choses qui caractérisent son leadership? L’accent mis sur la conciliation travail-famille-vie personnelle. « Les nouvelles générations accordent beaucoup d’importance à leur vie personnelle, et considérant le fait que le manque de main-d’œuvre est un gros enjeu, il faut que les entreprises s’adaptent. Tout le monde y gagne », fait-elle remarquer.

Son souhait pour l’avenir? « Que Ronam Constructions poursuive une croissance contrôlée et perdure au fil des générations grâce à un processus de relève aussi structuré que celui que Jacques Laflamme a mis en place pour mes associés et moi. Et convaincre les femmes qu’il y a de la place pour elles dans le domaine de la construction », conclut-elle avec passion.

Annie Gauthier

Franchisée
Rôtisseries St-Hubert
Val-d’Or

Annie Gauthier est propriétaire d’une franchise St-Hubert à Val-d’Or, « celle qui a le plus gros volume de ventes de tout le Québec », précise-t-elle fièrement. Pas mal pour quelqu’un qui a commencé au bas de l’échelle comme serveuse, puis est devenue gestionnaire, actionnaire et finalement franchisée, en 2011.

Celle qui a étudié à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec ne se voyait pourtant pas à la tête d’une franchise. « Souvent, quand on a étudié en restauration, on veut exploiter notre créativité. On est des artistes. Une franchise, c’est tout le contraire de ça. » Mais, finalement, elle a été conquise par les valeurs du Groupe St-Hubert : le fait d’appartenir à une grande famille, l’entraide, l’implication au sein de la communauté, etc. Ces valeurs ont beaucoup été mises de l’avant durant la pandémie. « Les franchisés ont vraiment été bien encadrés, fait-elle remarquer. Et chez nous, ça a resserré les liens entre les employés. »

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Jean-Pierre Léger, l’ancien propriétaire du Groupe St-Hubert, a beaucoup influencé son style de gestion. Sa façon d’unir les gens, d’être toujours à l’écoute et accessible l’ont marquée. « J’adore les chiffres. Quand les états financiers sortent, c’est comme un bonbon pour moi de lire ça, dit-elle en riant. Mais je ne gère pas avec les chiffres. Je gère à partir de l’humain. Toujours. Maximiser les forces des employés, veiller à la satisfaction de la clientèle, accorder de l’importance à chaque petit détail pour rendre l’expérience exceptionnelle, c’est ça, ma façon de gérer. »

Son rôle est en train de changer. Un processus de relève est engagé depuis cinq ans. « Après avoir beaucoup travaillé sur le plancher, je suis maintenant davantage en mode coaching. C’est à mon tour de jouer les mentors, comme ma prédécesseure l’a fait pour moi. C’est différent, mais très valorisant », conclut-elle.

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Suzie Talbot

Présidente et fondatrice
Diex Recherche
Sherbrooke

Suzie Talbot est présidente de Diex Recherche, une entreprise de recherche clinique fondée en 2006. Rien ne la destinait à devenir entrepreneure, même si on lui disait souvent qu’elle avait le profil pour l’être. « Diriger des équipes, mener à bien un projet, c’est en moi depuis longtemps », dit-elle.

Cette passionnée de recherche, qui a étudié en sciences infirmières, voulait relever des défis. L’occasion s’est présentée il y a 15 ans, après l’obtention de son MBA complété à l’Université de Sherbrooke. Elle a eu 24 heures pour décider si elle saisissait l’occasion de fonder sa propre entreprise. Elle a foncé et ne l’a jamais regretté. « J’adore ça! » s’exclame-t-elle.

Après avoir occupé le poste de présidente-directrice générale les 14 premières années, elle se consacre désormais à son rôle de présidente aux orientations de l’entreprise et au développement des affaires. « Je m’occupe de recherche de contrats, de contacts avec l’industrie, du développement de partenariats pour mener à bien des recherches. Ça me passionne et je peux laisser place à ma créativité pour orchestrer certains projets. »

Ce qui la motive? Contribuer au développement de nouveaux médicaments et améliorer la qualité des traitements offerts au Québec. Les champs d’études sont variés : diabète, migraine, arthrose, santé cognitive… Elle est particulièrement fière d’une nouvelle recherche sur la COVID-19 qui a commencé au printemps dernier, ou encore d’avancées positives pour lutter contre la maladie d’Alzheimer.

Avec l’ouverture d’un quatrième centre de recherche au Québec, l’entreprise a le vent dans les voiles. Elle connaît bien sûr son lot d’obstacles, notamment avec la pandémie. « Notre défi en ce moment, c’est la course contre le temps », dit-elle. Nul doute qu’elle saura le relever avec brio, tout en continuant à s’impliquer dans plusieurs conseils d’administration et dans le Club des jeunes entrepreneurs de demain, afin d’assurer la relève entrepreneuriale de la région. Une belle façon de redonner à la communauté et, qui sait, d’inspirer des jeunes filles à faire le saut en sciences!

Virginie Théberge

Directrice générale et copropriétaire
Groupe Gagnon Frères
Chicoutimi

Avant de devenir directrice générale de Gagnon Frères, un des plus importants détaillants de meubles au Québec, Virginie Théberge était consultante en amélioration continue. « C’est en exerçant cet emploi que j’ai vu que j’avais une certaine capacité à faire avancer les choses, à mobiliser des équipes, à structurer l’information, à mettre en place des plans d’action », explique-t-elle.

Mais le rythme de travail ne lui convenait pas. « J’avais besoin d’être sur la patinoire plutôt que d’être un coach derrière le banc », dit-elle en riant. Elle est donc retournée aux études pour faire un MBA à 34 ans, puis elle a été engagée par Gagnon Frères comme directrice marketing. L’entreprise avait besoin de dépoussiérer son image afin de repositionner la marque. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Les ventes ont rapidement augmenté.

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« C’est un élément de ma carrière qui a été porteur, qui m’a donné de la crédibilité et m’a permis de gravir des échelons. J’ai par la suite démarré un énorme chantier de rénovation des magasins : agrandissements, déménagements… C’était un gros projet », raconte avec enthousiasme celle qui adore les défis.

Elle est devenue chef de la direction en 2015. Il fallait revoir le modèle d’affaires de l’entreprise. « J’ai pris le temps de discuter avec les employés. Quand on arrive avec de gros changements comme restructurer la logistique, centraliser les opérations, unifier les façons de faire entre les différents magasins, etc., il faut bien communiquer les raisons et expliquer ce qu’on gagne en bout de ligne. C’est une de mes forces. » Une des forces qui l’ont conduite à devenir directrice générale il y a peu de temps. Depuis 2018, elle est également devenue copropriétaire de l’entreprise.

La concurrence est vive dans le commerce de détail. Oui, le commerce électronique prend beaucoup de place, et Gagnon Frères s’est adapté, mais, pour Virginie Théberge, « assurer aux clients la meilleure expérience en magasin, comprendre leurs besoins, les conseiller, c’est ça qui demeure le plus important ».


 

Ressources pour les entrepreneures

Vous êtes une entrepreneure et vous cherchez du financement ou de l’accompagnement pour soutenir vos efforts de croissance ou pour concrétiser votre projet d’affaires? Des ressources ont été mises en place expressément pour aider les femmes à avancer dans le milieu de l’entrepreneuriat et à solidifier leur réseau. Voici, ci-dessous, les principaux programmes existants.

Secteurs d'activité agroalimentaire et technologique

De plus, dans le contexte actuel généré par le coronavirus, plusieurs mesures d’aide financière ont été adoptées par les gouvernements et les institutions afin de soutenir les entreprises et les organisations québécoises et canadiennes. Elles sont répertoriées et régulièrement mises à jour sur notre site dans la page ci-dessous.

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