Sébastien Roy
Associé | CPA, EEE, M.Sc. | Conseils financiers

Mis à jour le 19 février 2024

L’évaluation d’une entreprise est un processus complexe et qui dépend de nombreux facteurs. Comment établir sa juste valeur?

Pour répondre à divers objectifs, un entrepreneur doit prendre des décisions stratégiques quant à sa société. Ces décisions impliquent bien souvent de connaître la juste valeur marchande de son organisation. Pour ce faire, il est nécessaire de :

Déterminer le rapport d’évaluation adéquat

Les professionnels qui sont en mesure de déterminer la juste valeur d’une entreprise sont des experts en évaluation d’entreprises, soit des personnes ayant le titre professionnel « EEE ». Les conclusions de valeur fournies par un EEE sont établies selon trois types de rapport différents, selon le niveau d’assurance désiré par le client. Ces types de rapport sont les suivants.

Rapport d’évaluation portant sur des calculs de valeur

Un rapport d’évaluation portant sur des calculs de valeur contient une conclusion quant à la valeur d’actions, de biens ou d’une participation dans votre entreprise, qui repose sur un examen et une analyse minimale des informations reçues. Ce type de rapport peut s’appuyer sur plusieurs hypothèses provenant de la direction de votre entreprise. Il s’agit du rapport le moins dispendieux et le moins détaillé. Il offre également le degré d’assurance le moins élevé quant à la conclusion de la valeur. Il s’agit du type de rapport le plus souvent retenu par les clients aux fins de planification fiscale ou dans le cadre de transactions de moindre envergure.

Rapport d’évaluation portant sur une estimation de la valeur

Un rapport d’évaluation portant sur une estimation de la valeur contient une conclusion sur la juste valeur qui se base sur une analyse et une corroboration plus approfondies des informations reçues que le rapport de calculs. Ce rapport contient des renseignements plus détaillés sur votre entreprise, tels l’analyse des résultats historiques, une description des clients, des fournisseurs, des ressources humaines, des compétiteurs, et une revue sommaire de l’industrie et du contexte économique. Compte tenu du niveau d’analyse et de corroboration plus élevé, ce rapport offre un degré d’assurance plus élevé que le rapport de calculs.

Rapport d’évaluation exhaustif

Un rapport d’évaluation exhaustif contient une conclusion sur la juste valeur qui repose sur un examen et une analyse exhaustive de votre entreprise, de son secteur d’activité et de tous les autres facteurs pertinents à la détermination de sa valeur. Ces renseignements sont adéquatement corroborés et sont énoncés dans un rapport d’évaluation très détaillé. Ce type de rapport est souvent produit dans le cadre de litiges ou de transactions plus complexes et significatives. Il offre le niveau d’assurance le plus élevé de tous les types de rapport.

Sélectionner l’approche d’évaluation et la méthode

Pour fournir un rapport d’évaluation complet, les renseignements à répertorier et à analyser sont nombreux. Il vous faudra entre autres :

  • acquérir une connaissance suffisante des opérations de votre entreprise et des facteurs de risque inhérents;
  • obtenir de l’information financière détaillée;
  • analyser le bilan et la structure du capital;
  • analyser les résultats historiques et les ajuster en tenant compte de tout élément non représentatif des résultats futurs de l’entreprise;
  • analyser les prévisions financières de votre entreprise.

Selon le type d’entreprise et les informations recueillies et analysées, l’approche d’évaluation ainsi que la ou les méthodes à utiliser seront déterminées.

Approche d’actif

L’approche d’actif est généralement utilisée dans les circonstances suivantes :

  • La nature de votre entreprise est telle qu’un acheteur hypothétique serait principalement intéressé par les éléments d’actif corporels (par exemple, une société immobilière ou une société de portefeuille);
  • La liquidation de votre entreprise est envisagée parce qu’elle n’est pas viable sur une base continue ou qu’elle ne procure pas à ses actionnaires ou à ses propriétaires un rendement suffisant quant au capital investi.

Approche d’évaluation fondée sur le rendement

L’approche basée sur la rentabilité est utilisée lorsque :

  • votre entreprise procure un rendement adéquat quant au capital investi;
  • un acheteur hypothétique serait intéressé aux flux monétaires caractéristiques susceptibles d’être engendrés par votre entreprise au cours des années à venir.

L’approche basée sur la rentabilité repose sur la continuité d’exploitation de votre entreprise et l’hypothèse qu’elle sera en mesure d’atteindre et de soutenir un certain niveau de flux monétaires au cours des années à venir.

Pour déterminer la valeur de votre entreprise en fonction d’une telle approche, il existe plusieurs méthodes reconnues, dont la méthode de capitalisation des bénéfices, la méthode de capitalisation des flux monétaires, la méthode d’actualisation des flux monétaires et des variantes, comme la méthode de capitalisation des bénéfices avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA).

Approche d’évaluation fondée sur le marché

En plus des approches et méthodes d’évaluation présentées ci-dessus, la détermination de la juste valeur marchande d’une société comporte une revue des transactions comparables et une analyse de sociétés du secteur. Cette approche permet de dégager divers ratios financiers qui peuvent être appliqués à votre entreprise. Les ratios ainsi dégagés doivent être utilisés avec prudence en raison des différences importantes entre les sociétés dites comparables et l’entreprise faisant l’objet de l’évaluation.

Les principaux éléments de différenciation portent sur la taille, le marché desservi, la gamme de produits, la capacité financière, le potentiel de croissance, etc.

Tenir compte des facteurs de risque de l’entreprise

L’identification des différents facteurs de risque est cruciale dans la détermination de la juste valeur marchande de votre entreprise. Ces risques influencent directement, à la hausse ou à la baisse, sa valeur. Voici quelques exemples de ces différents risques externes et internes :

Facteurs externes à l’entreprise

  • La situation économique;
  • L’état des marchés financiers;
  • Les différentes règlementations;
  • La concurrence;
  • La clientèle;
  • Les nouvelles technologies;
  • La disponibilité des ressources;
  • Etc.

Facteurs internes à l’entreprise

  • La qualification de la main-d’œuvre;
  • L’expérience de l’équipe de direction;
  • L’existence de relève dans l’entreprise;
  • Le degré de récurrence des revenus;
  • Le degré de dépendance à certains clients;
  • La situation financière;
  • La performance des vendeurs;
  • La qualité des installations;
  • Le cycle de vie de vos produits et services;
  • Etc.

Comme vous pouvez le constater, l’évaluation de votre entreprise est un exercice complexe dans lequel de nombreuses variables doivent être prises en compte et, surtout, traitées correctement.

N’hésitez pas à demander de l’aide à un expert en évaluation d’entreprise qui vous accompagnera dans ce processus et vous permettra de prendre des décisions éclairées.

17 Jan 2022  |  Écrit par :

Sébastien Roy est expert en évaluation d'entreprises et litiges financiers. Communiquez avec lui...

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Alice Richard
Directrice principale | MBA | Conseil en management

Mis à jour le 20 janvier 2023

Comment rester agile et anticiper les changements nécessaires à la pérennité de votre organisation dans ce contexte de transformation rapide et empreint d’incertitude? La planification stratégique est une aide précieuse pour y arriver.

Aujourd’hui plus que jamais, les organisations doivent s’appuyer sur la planification stratégique pour naviguer sur les vagues de changement et d’incertitude tout en gardant le cap. Les phénomènes comme la pénurie de main-d’œuvre, l’inflation et la menace d’une éventuelle récession, les difficultés d’approvisionnement, la transformation numérique et le bouleversement climatique entraînent des changements majeurs. Ils redessinent l’environnement interne et externe de votre entreprise, souvent de façon importante, et vous obligent à revoir votre modèle d’affaires.

Comment la planification stratégique peut-elle vous aider?
Comment aborder la planification stratégique?
Cinq facteurs clés pour une planification stratégique réussie

Comment la planification stratégique peut-elle vous aider?

La planification stratégique vous aide à déterminer la direction que vous souhaitez donner à votre entreprise et ce que vous devez faire pour y parvenir. Elle définit votre vision et vos valeurs, vos priorités et vos objectifs, ainsi que les moyens concrets d’atteindre ces objectifs. Un bon plan stratégique donne aux membres de l’organisation une orientation claire, des objectifs précis et des indicateurs de performance pour un suivi des résultats.

Traditionnellement, la période de planification d’un plan stratégique était de trois à cinq ans, avec une révision annuelle. Dans un monde en constante évolution, cela ne suffit plus. Les entreprises ne peuvent pas ignorer le changement ni attendre de voir ce qui se passe. Elles doivent adopter un mode dynamique et s’adapter au fur et à mesure. Les organisations qui ne sont pas en position pour réagir assez rapidement risquent de voir leur performance diminuer.

Comment aborder la planification stratégique?

C’est pourquoi il faut revoir la manière d’aborder la planification stratégique et l’utiliser comme un outil pour rester alignée sur les grands objectifs à long terme, tout en répondant aux préoccupations immédiates. Pour ce faire, il ne faut pas hésiter à ajuster les plans et à modifier les priorités en fonction des changements et des perturbations.

Le fait de mettre en place des cycles de planification plus courts garantit que la stratégie est continuellement liée à l’exécution et fournit des données exploitables pour éclairer les décisions sur la meilleure façon de réaffecter les ressources, d’optimiser le recrutement ou d’augmenter les ventes, par exemple.

De cette façon, les dirigeants et les employés peuvent prendre des risques intelligents, saisir des occasions, réagir rapidement aux menaces, adopter de nouvelles technologies et mettre en œuvre de nouvelles idées, tout en comprenant l’impact de leurs décisions sur l’ensemble de l’entreprise.

Cinq facteurs clés pour une planification stratégique réussie

1. Établir un diagnostic stratégique de votre entreprise

Une analyse à 360 degrés de votre entreprise vous permettra d’analyser les ressources, les compétences et l’environnement de votre entreprise et de vous orienter dans la bonne direction.

2. Mettre en place un comité de suivi de la planification

Ce comité sera responsable de faire les suivis de la planification stratégique, à l’aide des indicateurs, d’évaluer les résultats et d’ajuster le plan d’action lorsque nécessaire.

3. Amener l’organisation à penser de manière plus intégrée

La planification dynamique incite les différents départements et équipes à délaisser l’approche traditionnelle en silos et à fonctionner de manière plus informée et coordonnée.

4. Miser sur un tableau de bord commun

Les outils visuels et les tableaux de bord permettent de communiquer à l’ensemble de l’entreprise les niveaux de performance et l’avancement dans l’atteinte des objectifs.

Dans le contexte actuel, une entreprise se doit de conserver la souplesse nécessaire à l’intérieur d’un cadre planifié afin de s’adapter de façon constante aux besoins en évolution, et ce, sans perdre de vue ses objectifs et sa mission initiale.

5. Bien communiquer avec vos employés

Lorsqu’on aborde la planification stratégique en mode plus dynamique, les choses changent, les priorités sont réorganisées. Cela peut être frustrant pour vos employés si ce n’est pas accompagné d’une communication forte de la part de l’entreprise. Aidez votre équipe à comprendre les motivations et les avantages des nouvelles approches, et prévoyez des rencontres de suivi.

Notre équipe expérimentée peut vous aider à vous orienter dans la bonne direction en ajustant votre plan et vos actions. Communiquez avec nous pour un accompagnement personnalisé.

10 Jan 2022  |  Écrit par :

Alice Richard est experte en conseil en management au sein de Raymond Chabot Grant Thornton.

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Lors d’une rencontre récente avec notre président, Janie C. Béïque a discuté de mobilisation, de vision et de responsabilité sociale des entreprises.

Les valeurs humaines et la qualité de l’équipe de direction sont des critères essentiels dans la décision du Fonds de solidarité FTQ d’investir dans une entreprise.

Au-delà de leurs compétences en gestion, les dirigeants d’aujourd’hui doivent exercer un leadership fort en matière de vision d’entreprise, de mobilisation des employés et de principes de responsabilité sociale, selon Janie C. Béïque, présidente et cheffe de la direction du Fonds de solidarité FTQ.

« Notre décision d’investir dans une entreprise est basée à 80 % sur l’équipe de direction, c’est-à-dire son dynamisme, ses objectifs, son plan d’action, sa cohésion, sa vision et ses valeurs », a-t-elle mentionné lors d’un rendez-vous tête-à-tête avec Emilio B. Imbriglio, président et chef de la direction de Raymond Chabot Grant Thornton.

« Les partenaires financiers veulent s’allier à des dirigeants d’entreprise compétents, sérieux, rigoureux et transparents, et qui communiquent bien avec les parties prenantes. La diversité et la complémentarité des compétences au sein d’une équipe de direction sont aussi des points fondamentaux », a souligné pour sa part M. Imbriglio.

Savoir mobiliser les employés

Pour Janie C. Béïque, les dirigeants d’entreprise doivent porter une attention particulière à la mobilisation des employés. « Le plus grand actif des organisations, ce sont les humains. Et il faut être humain pour gérer des humains. C’est important que les leaders soient authentiques, qu’ils gèrent avec leur cœur », a dit celle qui est, depuis avril 2021, la première femme à la tête du Fonds de solidarité FTQ.

Cela est d’autant plus important dans le contexte actuel, marqué par la pénurie de main-d’œuvre, les rapides transformations technologiques et la transition écologique. Pour le Fonds de solidarité FTQ, ce sont d’ailleurs trois défis prioritaires qui aideront les entreprises québécoises à se relever, en leur offrant un soutien financier et un accompagnement-conseil.

Les organisations doivent réaliser les transformations requises « de façon structurée, sinon elles risquent de perdre des employés », a souligné Mme Béïque. « Elles doivent s’assurer de l’engagement des employés en leur présentant les raisons et les objectifs des changements projetés » pour réussir à mettre pleinement en œuvre ces transformations.

Par exemple, lors d’un projet de robotisation, il faut expliquer aux employés comment celui-ci les amènera à exécuter davantage de tâches à valeur ajoutée, à rehausser leurs compétences et à se développer au sein de l’entreprise.

Les employés s’attendent aussi à ce que les dirigeants d’entreprise s’engagent personnellement dans des enjeux sociétaux et déterminent des valeurs d’entreprise qui respectent les grands principes de responsabilité sociale, a-t-elle poursuivi.

« C’est extrêmement important d’agir sur l’expérience des employés. Les gens veulent travailler pour une entreprise qui a des valeurs, une âme. »

Il s’agit d’un aspect majeur dans l’actuelle lutte aux talents, lutte qui se joue de plus en plus à l’échelle mondiale avec la montée du télétravail.

Aider les entreprises à grandir

Les grands principes de responsabilité sociale font partie de l’ADN du Fonds de solidarité FTQ depuis sa création en 1983, a rappelé Mme Béïque. Par exemple, son organisation est signataire de la Déclaration de la place financière québécoise pour une finance durable, tout comme Raymond Chabot Grant Thornton.

« Nous investissons dans des rêves, dans des équipes de direction qui ont des valeurs et qui veulent aller quelque part. Lorsqu’on s’allie à une entreprise, on la prend à l’étape où elle est rendue et on l’aide à grandir » en fonction des défis qui lui sont propres, a dit Mme Béïque.

Elle a précisé que le Fonds de solidarité FTQ dispose de nombreux outils pour aider les entreprises québécoises à croître, quels que soient leur secteur d’activité, leur taille ou la région où elles sont établies. Son réseau est composé de 17 bureaux et fonds régionaux de solidarité, de 87 fonds locaux et de 94 fonds sectoriels. Son équipe de professionnels de l’investissement est spécialisée dans 20 secteurs d’activité différents.

« Le Fonds de solidarité FTQ est un modèle économique extraordinaire, puisqu’il a le double mandat de générer du rendement afin d’aider les Québécois à accumuler de l’épargne pour leur retraite, et d’aider les entreprises d’ici à prendre des décisions qui seront bénéfiques à long terme, et non seulement à court terme », a affirmé Mme Béïque.

L’organisation investit annuellement plus d’un milliard de dollars dans l’économie du Québec et compte quelque 723 500 actionnaires-épargnants.

Selon Mme Béïque, les entrepreneurs québécois ont la chance d’être appuyés par un solide écosystème de sociétés de financement. Plus que jamais, celles-ci collaborent « afin de s’assurer que les entreprises de tous les secteurs d’activité ont accès à du capital », avec une offre globale de financement « qui couvre les besoins à court, moyen ou long terme, ainsi que la petite, la moyenne ou la grande entreprise ».

« Nous avons des forces complémentaires, et le fait de travailler ensemble, ça permet d’avoir des entreprises plus fortes », a-t-elle dit à propos de l’écosystème financier québécois.

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Mis à jour le 30 mars 2022

Le 11 mars 2022, le ministère des Finances du Canada a publié un avant-projet de loi au sujet de la taxe sur certains biens de luxe, laquelle a été proposée dans le budget de 2021. Cette taxe s’appliquera à la vente et à l’importation de certaines voitures et aéronefs neufs de plus de 100 000 $, et de bateaux neufs de plus de 250 000 $.

La date proposée pour la mise en œuvre de cette taxe a été ajustée, passant du 1er janvier 2022, tel qu’il a été proposé dans le budget de 2021, au 1er septembre 2022. Les vendeurs et les importateurs devront soit facturer, soit payer la taxe sur tous les véhicules, bateaux et aéronefs fabriqués après 2018 n’ayant pas été enregistrés au Canada.

Pour plus d’informations, téléchargez notre bulletin récent. Consultez également notre publication précédente sur le même sujet, qui résume les règles concernant les voitures visées par cette nouvelle taxe.

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