Une tempête pourrait s’abattre sur certaines des économies les plus importantes de la planète, tandis que les entreprises font face à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

La technologie et la mobilité sont deux solutions qui s’offrent aux entreprises à la recherche de nouveaux talents.

Au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Japon et dans de nombreuses autres économies développées, la crise provoquée par la pénurie de main-d’œuvre s’intensifie. Les entreprises éprouvent de plus en plus de difficulté à attirer les talents nécessaires à leur croissance. Selon l’International Business Report (IBR) de Grant Thornton, 40 % des dirigeants d’entreprise à l’échelle mondiale considèrent qu’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée freine la croissance.

Aux États-Unis, les préoccupations à cet égard ont augmenté de 8 %, passant à 38 %, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré. En Chine, elles ont également connu une hausse de 8 %, atteignant 38 %. En Allemagne, elles ont fait un bond de 25 %, se hissant à 74 % au deuxième trimestre de 2018.

Dans de nombreux marchés, la capacité excédentaire en milieu de travail est limitée. Comme les économies sont sur le point d’atteindre le plein emploi, certains écarts de compétences commencent à ressurgir, tandis que d’autres apparaissent pour la première fois. Le chômage à l’échelle mondiale a chuté à 5,2 %, son plus faible niveau depuis près de 40 ans, en raison de facteurs comme des salaires plus bas et l’économie des petits boulots (gig economy) (selon le Financial Times).

Les écarts de compétences à l’échelle mondiale devraient augmenter, mais les entreprises en subissent déjà les conséquences. Certaines sont incapables de croître, parce qu’elles ne peuvent recruter la main-d’œuvre qualifiée supplémentaire dont elles ont besoin pour augmenter leur capacité de production de biens et de prestation de services.

Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs, dont le vieillissement de la population et le déclin de la population active dans certains pays. Pendant ce temps, en raison des progrès technologiques rapides, les entreprises font face à une pression accrue pour acquérir les compétences numériques pointues dont elles ont besoin afin de soutenir les avancées dans des domaines comme l’intelligence artificielle, l’automatisation et la technologie de la chaîne de blocs (blockchain).

« Les besoins ne se limitent pas à des postes dans le secteur de la technologie; l’importance des capacités de codage et de décodage, que l’on constate déjà en finance, augmentera dans d’autres disciplines. Je crois qu’actuellement, tous les secteurs ont besoin de nouveaux talents, affirme Éric Nguyen, directeur principal du groupe d’intelligence artificielle de Raymond Chabot Grant Thornton, au Canada. À Montréal seulement, nous constatons une forte demande dans le domaine de l’intelligence artificielle, ainsi qu’une forte pénurie en ingénierie, en développement de logiciels et en science des données. »

La technologie peut-elle combler le déficit de compétences?

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Ironiquement, la technologie est à la fois une cause du déficit de compétences et une solution – au moins partielle – à celui-ci. La forte demande à l’égard des compétences technologiques est une conséquence de ce que la technologie peut faire pour les entreprises. Au fur et à mesure que cette demande augmente, les investissements dans l’innovation et les nouvelles solutions d’affaires sont en hausse.

En Allemagne, par exemple, les attentes en matière d’investissement dans la technologie ont enregistré une croissance de 5 %, atteignant 49 %.

Michel Besner est directeur général de Catallaxy, une filiale de Raymond Chabot Grant Thornton qui offre des solutions et du soutien aux entreprises dans le domaine de la chaîne de blocs. Il affirme : « Lorsque la technologie donne lieu à une simplification des tâches qui permet d’optimiser les processus, certains types d’emplois disparaissent. »

D’autres technologies, comme l’automatisation robotique des processus et l’apprentissage artificiel, offrent également des possibilités en matière d’automatisation et d’économies d’échelle qui n’existaient pas nécessairement auparavant.

La technologie limite l’incidence de la pénurie de main-d’œuvre sur la plupart des secteurs, notamment ceux de la finance, de la comptabilité, du marketing, de la fabrication et de la logistique. L’avantage supplémentaire est que bien que l’automatisation et la technologie entraînent l’élimination des tâches les plus élémentaires, les employés existants ont une plus grande capacité d’offrir une plus-value dans des domaines où les machines en sont incapables.

L’automatisation des processus décisionnels réduit la charge de travail

« L’intelligence artificielle aide les entreprises à combler les écarts de compétences en automatisant les processus décisionnels et en favorisant les interactions entre les humains et les machines dans le cadre des activités quotidiennes », déclare Éric Nguyen.

Ce dernier a récemment collaboré avec la fonction achat d’une entreprise, dont l’équipe composée de vingt analystes prenait des centaines de décisions quotidiennement afin de déterminer les niveaux de stock adéquats.

« Par l’intégration de la technologie et de l’intelligence artificielle, ils ont été capables de prédire le niveau de stock optimal pour chacun de leurs produits. Ils ont automatisé le processus décisionnel permettant de déterminer le fournisseur à contacter, le produit à commander et la quantité à acheter. Cette automatisation a réduit la charge de travail des membres de l’équipe, qui ont ainsi pu se concentrer sur d’autres tâches plus complexes, comme la recherche de nouveaux produits. »

Une réaction rapide aux technologies futures est essentielle à l’anticipation des compétences requises

Cependant, pour les entreprises qui considèrent que les processus numériques sont une solution à des problèmes comme une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, la vitesse de déploiement et le rendement du capital investi sont la clé.

Emmanuelle Muller-Schrapp, associée responsable de l’équipe de finance et de transformation des TI de Grant Thornton France dit : « Le plus grand défi consiste à déterminer des solutions durables qui offrent rapidement une plus-value et dont le coût est adéquat. »

Bien que les entreprises puissent faire appel à la technologie pour combler et soutenir des fonctions particulières dès aujourd’hui, elles doivent adopter une approche à long terme qui s’adapte pleinement à la nouvelle technologie et tient compte de son incidence sur les compétences.

Mark O’Sullivan, associé chez Grant Thornton Royaume-Uni, croit que les entreprises devraient adopter les progrès technologiques : « Nous disons toujours à ceux qui évaluent un projet numérique de tenter d’oublier les mauvaises expériences du passé et de comprendre que les règles entourant la réalisation d’un projet technologique ont changé. Il est possible d’y parvenir de manière beaucoup plus rapide et efficace. »

Michel Besner acquiesce : « Les directeurs principaux doivent être plus sensibles aux changements technologiques. Certains ignorent les signaux précurseurs et réagissent trop tard. Les entreprises doivent également collaborer plus étroitement avec les universités et les aider à comprendre les compétences que les finissants doivent développer en vue de leur entrée sur le marché du travail. »

Recherche de nouveaux talents à l’international

 

Un nombre grandissant d’entreprises se tournent vers la main-d’œuvre internationale lorsque les compétences recherchées sont difficiles à trouver à l’échelle locale.

AURAY Sourcing, une filiale de Raymond Chabot Grant Thornton, a été mise sur pied dans le but d’offrir une solution clé en main aux entreprises canadiennes qui ont des besoins en matière de recrutement et de mobilité des employés, de manière à faire face à la pénurie de main d’œuvre spécialisée.

Pierre Lapointe, vice-président d’AURAY Sourcing, déclare : « L’économie tourne à plein régime actuellement. Pour soutenir ce rythme, nous devons accroître la production et, par conséquent, augmenter le nombre de travailleurs. »

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Actuellement, le Canada est attrayant pour les travailleurs étrangers. Les entreprises québécoises, par exemple, recrutent de la main-d’œuvre qualifiée, notamment dans les pays francophones, ainsi qu’en Asie, en Amérique latine et en Europe de l’Est. Elles considèrent la mobilité des travailleurs comme un moyen efficace pour soutenir la production et les activités commerciales.

Toutefois, le recrutement à l’étranger présente des défis. Michael Monahan, directeur principal adjoint des services de capital humain de Grant Thornton États-Unis affirme : « Si l’on veut recruter, retenir et motiver des employés à l’étranger, le défi est encore plus grand lorsqu’on ne se trouve pas sur place. »

Une approche stratégique en matière de recrutement de main-d’œuvre internationale peut réduire les retards

Grâce à son réseau international de recruteurs, AURAY Sourcing se concentre sur les compétences les plus recherchées à l’échelle locale et donc sur les travailleurs dont la demande de visa est la plus susceptible d’être approuvée. Toutefois, le processus de recrutement à l’étranger est long et même s’il est possible de l’accélérer dans certains cas, il peut durer jusqu’à huit mois pour une entreprise qui le connait mal.

Les entreprises en croissance recherchent des solutions de bout en bout pour gérer le recrutement, la réinstallation et l’intégration. « Il s’agit d’une composante clé du recrutement de main-d’œuvre internationale. L’intégration est essentielle, parce que vous voulez que les travailleurs restent », affirme Pierre Lapointe.

La gestion classique des talents compte toujours

Même si de nouvelles solutions sont envisagées pour répondre à la demande, les programmes d’apprentissage et de développement demeurent essentiels pour les stratégies en matière de compétences, particulièrement lorsque les employés reconnaissent l’importance de l’apprentissage continu et du perfectionnement des compétences.

Keely Woodley, responsable du capital humain chez Grant Thornton Royaume-Uni, croit lui aussi que la formation est la clé : « En offrant de la formation aux nouvelles recrues ainsi qu’aux employés actuels, on contribue à combler les écarts de compétences du personnel dont le statut professionnel est de moyen à élevé. Ces catégories de poste font réellement progresser l’économie. »

Les employés, les processus et la technologie sont les trois principaux moteurs d’une entreprise. Si vous harmonisez vos décisions technologiques avec votre stratégie, vous pourrez prendre de meilleures décisions d’affaires. En misant sur la technologie pour élaborer votre stratégie en matière de compétences, former les employés existants et trouver de nouveaux talents, vous pourrez plus facilement combler les écarts de compétences.

Pour obtenir de plus amples renseignements sur la façon dont vous pouvez élaborer votre stratégie en matière compétences, communiquez avec nos experts.

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L’importante réforme de la Loi sur les normes du travail, adoptée le 12 juin 2018, oblige les employeurs à se doter d’une politique de prévention du harcèlement psychologique et de traitement des plaintes.

Bien que l’entrée en vigueur de cette mesure soit le 1er janvier 2019, seulement la moitié des employés mentionnent qu’à leur connaissance une telle politique existe au sein de leur organisation. Qu’en est-il de votre entreprise?

Une politique de harcèlement, qu’est-ce que c’est?

Selon la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), une politique d’entreprise vise à :

  •  communiquer l’engagement de l’employeur à prévenir et à faire cesser le harcèlement psychologique;
  • mobiliser la direction et tous les employés de l’organisation autour des objectifs fixés.

À compter du 1er janvier 2019, l’employeur doit adopter, et rendre accessible pour ses personnes salariées, une politique de prévention du harcèlement psychologique et sexuel et de traitement des plaintes. Cette politique inclut un volet concernant les conduites qui se manifestent par des paroles, des actes ou des gestes à caractère sexuel.

À défaut de remplir vos obligations, vous pourriez être tenu responsable de toute conduite de harcèlement psychologique ou sexuel survenue au sein de votre entreprise. Il est donc impératif de vous outiller dès maintenant.

Comment la plainte sera traitée

Ladite politique doit énoncer la façon dont une éventuelle plainte serait traitée et cet aspect doit occuper une place prépondérante dans la politique. Il est nécessaire de définir le processus de plainte et d’enquête qui guidera les employés et les gestionnaires, ainsi que la façon de procéder lorsqu’un comportement de harcèlement est dénoncé.

La politique doit présenter clairement une définition des étapes, la personne responsable du traitement de la plainte, les possibilités de recours à la médiation, les mesures préventives, etc. L’employeur a intérêt à démontrer que le processus de dénonciation n’est pas de nature à décourager la dénonciation.

En terminant, gardez en tête que s’il est essentiel de se doter d’une politique, il est tout aussi important de :

  • communiquer adéquatement les dispositions de votre politique;
  • former les gestionnaires sur leur rôle;
  • sensibiliser l’ensemble de votre personnel à l’importance de maintenir un lieu exempt de tout type de harcèlement.

Nos experts sont en mesure de vous accompagner tant pour élaborer une politique répondant aux obligations de la CNESST que pour former vos gestionnaires et communiquer une information adéquate aux employés.

En matière de harcèlement, la prévention est de mise.

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Maryse Janelle
Associée | Avocate, LL.B., M. Fisc. | Fiscalité

Mis à jour le 29 août 2023

Vous exportez des biens ou des services aux États-Unis? Vous pourriez devoir percevoir des taxes même si vous n’y avez pas de présence physique.

En effet, le jugement rendu par la Cour suprême des États-Unis, le 21 juin 2018, dans l’affaire South Dakota c. Wayfair, Inc. et al., a pavé la voie à d’importants changements en matière de taxe à la consommation afin de tenir compte notamment de la montée du commerce électronique.

Cette décision fait en sorte que des conditions liées à la présence économique peuvent dorénavant être suffisantes pour déclencher ce qu’on appelle un « nexus ». Par ce terme, on entend un lien de rattachement qui vous oblige à vous inscrire auprès des autorités fiscales de l’État.

En général, les États vous obligent à vous inscrire à la Sales & Use Tax et à la percevoir si vos ventes annuelles atteignent un certain volume sur son territoire, en nombre de transactions ou en dollars, et ce, même si vous n’y avez aucune présence physique (par exemple, des bureaux, des stocks ou des employés).

Entre autres critères, ces États fixent un seuil minimal de ventes (généralement 100 000 $ US de biens ou de services taxables) ou de nombre de transactions (200 dans la plupart des États). À titre d’exception, New-York et la Californie ont un seuil de 500 000 $ et une poignée d’autres États ont un seuil de 250 000 $.

Par ailleurs, certains États incluent les ventes non taxables et taxables dans leur calcul du seuil alors que d’autres les excluent expressément. Une société pourrait donc avoir à s’inscrire dans un État, et ce, même si aucune des ventes qu’elle effectue dans cet État n’est taxable.

Un système de taxation différent

Le système de taxation américain est très différent du nôtre. Voici ses principales caractéristiques :

En règle générale, la taxe de vente (Sales Tax) s’applique aux biens meubles corporels et à certains services. La taxe à l’utilisation (Use Tax) est un complément à la taxe de vente et est imposée habituellement sur les biens et les services achetés à l’extérieur de l’État pour y être utilisés et consommés.

  • Aux États-Unis, la taxe de vente n’est pas une taxe sur la valeur ajoutée comme la TPS et la TVQ. Elle est imposée une seule fois au consommateur final, lequel peut être une entreprise.
  • Cela signifie que vous n’avez droit à aucun crédit de taxe sur les intrants. Le système américain est basé sur les exemptions plutôt que sur le recouvrement de taxes, par le biais des crédits de taxe sur les intrants. Par exemple, les ventes pour revente et les ventes à des manufacturiers sont habituellement exemptes.
  • La plupart des États appliquent une taxe de vente qui s’applique sur l’ensemble de leur territoire (cinq États font exception : l’Alaska, le Delaware, le New Hampshire, le Montana et l’Oregon). Il n’y a pas de taxe de vente fédérale.
  • Dans plusieurs de ces États, une taxe locale peut s’ajouter en fonction de la municipalité, du district ou du comté où l’on fait des transactions.
  • Il peut y avoir des particularités propres à des comtés ou à des villes. Par exemple, un bien ou un service qu’un État déclare non taxable pourrait l’être aux fins de certaines taxes locales.

Votre entreprise est-elle conforme?

Avec la nouvelle notion de présence (ou nexus) économique, les entreprises qui exportent aux États-Unis doivent donc redoubler de vigilance pour s’assurer d’être conformes aux règles fiscales en vigueur aux différents endroits où elles font des transactions. Nous vous conseillons de porter d’abord une attention spéciale aux États où vous êtes le plus présent et où vous faites le plus de transactions.

Voici d’autres choses importantes à savoir à ce sujet :

  • Suivez de près la progression de vos ventes dans chaque État afin de vous assurer de toujours satisfaire aux règles du régime de taxation.
  • Si vous avez un nexus (présence physique ou économique) dans un État, vous devrez peut-être produire des déclarations de taxes régulièrement, même si aucune taxe de vente n’a été perçue. Prenez note que le délai de prescription ne s’applique pas aux périodes de déclarations pour lesquelles des déclarations sont dues mais ne sont pas produites.
  • Prenez soin de recueillir et de conserver la documentation qui prouve que vos ventes sont exemptes de taxes dans un État.
  • Il existe des programmes de divulgation volontaire pour rectifier le tir si vous n’avez pas perçu des taxes qui auraient dû l’être.

Il n’en demeure pas moins que si vous faites affaire dans plusieurs États, la gestion de vos obligations fiscales peut devenir relativement compliquée. Il est préférable de faire appel à des spécialistes. Communiquez avec nos experts pour un accompagnement personnalisé.

18 Déc 2018  |  Écrit par :

Maryse Janelle est associée au sein de Raymond Chabot Grant Thornton. Elle est votre experte en...

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En tant que PME manufacturière, vous avez beaucoup à gagner à prendre le virage de l’industrie 4.0… et beaucoup à perdre si vous ne le prenez pas!

La bonne nouvelle, c’est que les technologies pour amorcer un virage numérique sont devenues plus accessibles et que vous pouvez compter sur de nombreuses ressources pour vous aider.

LE 4.0, QU’EST-CE QUE C’EST?

Présentée comme la quatrième révolution industrielle, le 4.0 se caractérise par l’intégration des technologies numériques dans les processus de fabrication. Le passage vers le 4.0 doit se faire par étapes, selon vos besoins. C’est en procédant projet par projet qu’on arrive à en tirer des gains.

Notre équipe a effectué une revue de récentes études québécoises et canadiennes sur le sujet. Elles montrent toutes à quel point l’innovation et l’industrie 4.0 sont plus essentielles et payantes que jamais.

Quant aux entreprises manufacturières qui ne vont pas dans cette direction, elles risquent fort de disparaître d’ici quelques années, affirment les entrepreneurs consultés dans le cadre du « Baromètre industriel québécois 2018 » de STIQ. Selon ceux-ci, les entreprises n’ont pas le choix d’innover pour rester concurrentielles et satisfaire aux exigences de leurs clients.

Un mouvement de transformation mondial

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Rappelons que la réalisation de l’usine intelligente prend appui sur la communication en temps réel pour surveiller les activités de l’entreprise et agir sur elles.

Ainsi, Internet connecte tout l’écosystème de l’entreprise – employés, systèmes, machines, produits, clients, fournisseurs, etc. – et permet aux fabricants d’améliorer leur efficacité, de créer des produits plus personnalisés, ainsi que de s’adapter rapidement aux besoins des clients.

L’impact sur le secteur de la fabrication s’annonce remarquable : les usines intelligentes hautement automatisées et polyvalentes seront en mesure de concurrencer les usines à faibles coûts de l’Asie. Partout dans le monde, on voit apparaître une entreprise de pointe, si bien que le secteur manufacturier est en voie de devenir un secteur de haute technologie.

Au Québec, toujours selon le « Baromètre industriel 2018 », les trois quarts des PME manufacturières ont intégré ou prévoient intégrer des technologies numériques. Celles-ci touchent principalement :

  • la surveillance et le contrôle en temps réel (52 %);
  • l’interconnexion des équipements (40 %);
  • la robotique (34 %);
  • les cellules de production autonome (29 %).

De nombreux bénéfices pour l’entreprise

Pas de doute, le passage au 4.0 est payant. Les entreprises qui ont intégré ou prévoient intégrer des technologies numériques affichent de meilleurs résultats que celles qui n’y ont pas recours ou ne prévoient pas y recourir, toujours selon le « Baromètre industriel 2018 » de STIQ et une étude de la Banque de développement du Canada (BDC) réalisée en 2017 auprès de 1 000 entrepreneurs canadiens.

Parmi les principaux effets bénéfiques, notons :

  • une hausse de productivité dans 60 % des cas. Le principal facteur d’augmentation de la productivité est la capacité d’anticiper et de prévenir les temps d’arrêt, et d’optimiser l’efficacité et l’entretien de l’équipement;
  • une augmentation plus forte du chiffre d’affaires et du nombre d’employés. Les entreprises qui ont adopté ces technologies sont presque deux fois plus susceptibles de prévoir une croissance annuelle d’au moins 10 % de leurs revenus au cours des trois prochaines années;
  • un renouvellement plus élevé de la clientèle;
  • l’amélioration de la qualité globale des produits. Par exemple, les contrôles de la qualité en temps réel permettent de réduire, voire d’éliminer, les retours de produits non conformes aux spécifications;
  • la probabilité plus élevée de vendre à l’international et de réaliser des actions innovantes.
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De plus, près de la moitié des entreprises canadiennes qui ont pris le virage 4.0 affirment avoir réduit leurs coûts d’exploitation, grâce à des mesures telles que :

  •  la surveillance de la production et le contrôle de la qualité en temps réel afin de réduire le gaspillage et le réusinage;
  • l’entretien préventif afin de prévenir les réparations coûteuses et les temps d’arrêt imprévus;
  • l’automatisation accrue afin de réduire les coûts de main-d’œuvre et d’améliorer le flux de production;
  • l’utilisation d’imprimantes 3D afin d’accélérer le prototypage et la mise en marché, et de réduire les coûts de conception.

Enjeux PME Innovation et technologie - RCGT

CAP VERS LA CROISSANCE : LES RÈGLES DE BASE DU SUCCÈS 4.0

Cela dit, pour que votre virage 4.0 soit réussi et vous procure réellement des bénéfices, vous devez suivre ces cinq règles de base.

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1. Établissez une planification stratégique

C’est probablement l’outil de gestion le plus déterminant pour insuffler à l’entreprise une vision de son développement, dans un environnement hautement concurrentiel où l’innovation et la révolution numérique deviendront rapidement une nécessité pour conserver et développer de nouveaux marchés.

L’élaboration d’une solide stratégie 4.0 est d’autant plus indispensable que l’acquisition et l’intégration de nouvelles technologies numériques nécessitent d’importants investissements – ils représentent en général de 7 % à 9  % du chiffre d’affaires des PME manufacturières.

Le plan numérique doit être enchâssé dans la planification stratégique de l’organisation. Il aura pour objectifs d’optimiser les outils actuels, de dresser le plan d’acquisition des technologies futures et d’en assurer la cohésion et l’intégration, tout cela en tenant compte du modèle d’entreprise.

2. Faites appel à des spécialistes

Les entrepreneurs qui ont déjà mis en œuvre une transformation numérique vous le diront : il est essentiel de faire appel à des ressources spécialisées pour vous accompagner dans votre démarche.

En outre, nos spécialistes sont en mesure de vous guider dans votre planification stratégique, de vous aider à bénéficier de crédits d’impôt à la R&D ainsi que de programmes de soutien et de financement, comme Manufacturier Innovant d’Investissement Québec.

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3. Engagez les dirigeants dans le processus

Pour qu’une PME ait du succès à l’ère de l’industrie 4.0, il est primordial que la direction s’engage à fond dans le projet numérique. Elle doit d’abord repérer les occasions de réaliser des gains par la technologie et, par la suite, mobiliser les savoir-faire de ses employés pour déployer efficacement des initiatives de type 4.0.

Dans son étude « Prendre part à la révolution manufacturière? Du rattrapage technologique à l’industrie 4.0 chez les PME », le CEFRIO rappelle que la direction doit notamment :

  • définir la vision et les principes auxquels se rapporteront les initiatives;
  • encourager, vulgariser et réguler l’usage du numérique dans l’entreprise;
  • soutenir adéquatement les initiatives par des investissements qui sont conséquents avec les objectifs et par l’appui du travail des équipes responsables;
  • convaincre, rassurer et jouer un rôle d’ambassadeur de la transformation;
  • se donner les moyens de soutenir la collaboration, l’expérimentation et l’entrepreneuriat au sein des équipes;
  • repérer les expertises à acquérir et tisser des partenariats qui viendront compléter les forces de l’équipe et qui amèneront l’entreprise plus loin;
  • renforcer la collaboration avec les clients et les fournisseurs pour faciliter les projets interentreprises et la contribution directe de clients dans le processus d’innovation;
  • informer régulièrement les employés de la position de l’entreprise sur la transformation induite par les initiatives.

Par ailleurs, il est important de sensibiliser et de former les gestionnaires de l’entreprise au virage numérique, car certains ne sont pas bien outillés pour mener cette démarche avec succès. Vous pouvez par exemple leur présenter des cas réels d’intégration des technologies numériques dans les usines.

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4. Gérez adroitement l’enjeu de la main-d’œuvre

Former et recruter des employés est un enjeu majeur pour les entreprises qui prennent le virage 4.0.

Selon la BDC, le manque de main-d’œuvre qualifiée (42 %) vient d’ailleurs au premier rang des difficultés que les entrepreneurs canadiens ont dû surmonter au moment d’implanter des technologies numériques. Suivent les coûts excessifs (38 %), l’incertitude à l’égard du rendement du capital investi (31 %) et la résistance des employés aux changements (31 %).

La PME doit examiner les nouvelles compétences qui sont requises et les besoins en personnel qualifié. Parmi les compétences en industrie 4.0 les plus recherchées, nous trouvons :

  • la gestion des données;
  • la sécurité des données;
  • l’interaction humain-machine;
  • la conception d’interfaces utilisateurs;
  • le développement de logiciels;
  • la programmation;
  • la science des données et l’analytique.

5. Portez une attention spéciale à la cybersécurité

La sécurité informatique est un autre aspect crucial à considérer dans le passage à l’industrie 4.0, compte tenu de la multiplication des données et des systèmes – lesquels sont habituellement interconnectés et décentralisés.

Interconnectivité

Des leçons à tirer

En terminant, voici cinq grandes leçons à tirer de l’industrie aéronautique, qui possède une solide expérience en matière d’innovation :

  • Préparez-vous à modifier votre modèle d’entreprise et vos stratégies;
  • Pensez stratégiquement et à long terme;
  • Soyez conscient que l’environnement d’affaires amène de nouveaux besoins technologiques;
  • Gérez les projets numériques avec la même rigueur que tout autre projet;
  • Rappelez-vous que la transformation numérique n’est pas seulement une affaire de technologies, loin de là.
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