Jean-François Boudreault
Vice-président et directeur général - AURAY Leadership | Conseils en ressources humaines

Mis à jour le 18 juillet 2023

Remplacer son patron temporairement peut être une occasion en or pour vous, mais comporte aussi ses pièges. Soyez prêt!

Votre supérieur s’absente quelques jours, quitte pour maladie ou démissionne sans avertissement. On vous propose d’assurer l’intérim de son poste le temps qu’un processus de remplacement formel s’organise. Acceptez-vous le défi?

Si le défi vous tente…

Refuser pourrait être mal vu par vos supérieurs, ce qui pourrait nuire à votre progression de carrière. Or, accepter cette position risquerait d’irriter certains de vos collègues de travail. Il s’agirait toutefois d’une occasion pour vous de relever plusieurs défis stratégiques et opérationnels, et d’obtenir davantage de visibilité et de mise en valeur de votre expérience et de vos connaissances.

Que vous acceptiez ou non, il s’agit, dans tous les cas, d’une décision qui ne peut être prise à la légère. Ce n’est pas une mince tâche que de devenir gestionnaire, encore moins de le devenir pour des collègues.

De fait, subitement, les collègues et confrères de travail deviennent des subalternes. Et dans la mesure où il se peut qu’après quelque temps, vous deviez revenir à votre poste d’origine, les décisions importantes qui peuvent changer la dynamique de l’équipe doivent être prises méticuleusement, et idéalement en concertation avec les supérieurs.

Vous acceptez, bravo!

Maintenant, voici comment aborder votre nouveau défi en six éléments qui pourraient vous aider à mener à bien votre mandat. Ces conseils pourraient également faire augmenter vos chances de réussite et vous aider à obtenir de façon permanente cette nouvelle responsabilité.

1.  Des enjeux différents selon la durée de l’intérim

La première chose qu’il importe de savoir est la période de temps pour laquelle on vous transmet ces responsabilités. Savoir pour combien de temps vous serez en poste aura une influence majeure sur la façon dont vous pourrez assurer la gestion de votre équipe.

Il arrive parfois – surtout en cas de congé de maladie – que cette période ne puisse être déterminée de façon précise. Il importe alors de redoubler de doigté pour doser vos interventions et élargir vos champs d’action au fur et à mesure que l’intérim se prolonge.

Si le mandat est de courte durée, vous vous devrez de concentrer votre énergie sur les opérations courantes et le roulement quotidien.

Enfin, si on vous confie un intérim pour une durée prolongée, il vous sera alors essentiel d’élaborer un plan stratégique plus exhaustif (mobilisation du personnel, enjeux, orientation, etc.)

2. Préciser vos responsabilités

Il est primordial de déterminer avec votre patron, le conseil d’administration ou toute autre autorité pertinente, les tâches, les responsabilités et le pouvoir qui vous seront accordés pendant cet intérim.

Des éléments comme l’achat de nouveaux systèmes informatiques, la modification de certaines orientations stratégiques et l’autorité de congédier des ressources doivent être précisés avant que vous n’entriez en poste, sans quoi des conflits autant avec les collègues qu’avec la direction pourraient surgir.

Cet aspect est étroitement lié avec la durée de l’intérim dont il a été question précédemment.

3. L’importance d’un suivi

Présenter régulièrement l’avancement des dossiers aux supérieurs est une stratégie doublement gagnante puisqu’elle vous permettra d’obtenir l’appui de la direction et également – et c’est à ne pas négliger – de mettre en valeur vos bons coups.

Les patrons se souviendront des services que vous leur aurez rendus durant cet intérim et pourraient être enclins à majorer vos tâches s’ils ne vous octroient pas le poste.

4. Demander l’aide et les ressources nécessaires

N’hésitez pas à vous faire aider. Vos supérieurs sont conscients du fait que vous aurez une période d’adaptation à traverser et que vous aurez probablement besoin d’un coup de pouce pour mener à bien certains dossiers.

N’hésitez pas à faire appel à des ressources, internes ou externes, pour vous accompagner. Il est dans l’intérêt de l’organisation que tout se passe le mieux possible.

5. Communiquer

Multipliez les communications avec vos ressources. Dans un cas comme celui de l’intérim, il est de mise d’être clair et transparent lors de la prise de décisions majeures.

Rappelez-vous que les gens vous observent et vous jugent dans votre nouveau rôle et que votre mandat n’est peut-être pas définitif. Vous gérez une équipe sans avoir totalement l’autorité sur vos employés.

6. Conserver une attitude positive pour l’équipe

Prêchez par l’exemple et adoptez une bonne attitude. Afin de ne pas nuire à votre image et à votre réputation, n’oubliez pas que vous faites toujours partie de l’équipe au sein de laquelle vous étiez.

À titre d’exemple, avantager certains de vos anciens collègues par rapport à d’autres ou vous octroyer certains privilèges qui vous auraient été refusés à titre d’employé pourrait faire en sorte que certaines personnes vous en tiennent rigueur, ce qui pourrait assombrir votre retour dans l’équipe en tant que collègue. Il est donc primordial de demeurer juste et équitable.

Une expérience enrichissante et formatrice

Finalement, rappelez-vous qu’accepter une promotion est une occasion de vivre une expérience enrichissante et très formatrice. C’est aussi l’occasion de vous tester et de mieux vous connaître puisque l’intérim vient inévitablement avec des défis. Il importe cependant d’y être bien préparé.

Cette occasion constitue une réelle vitrine pour vous faire valoir et gravir les échelons de l’organisation. Et qui sait si ce n’est pas le début d’une longue carrière de gestion…

17 Fév 2012  |  Écrit par :

Jean-François Boudreault est expert en recrutement au sein de Raymond Chabot Grant Thornton.

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